Qui suis-je et pourquoi ce blog ?
Justement, je ne sais plus qui je suis. A tort ou à raison. L’arbitraire sème le trouble dans mon existence. J’essaie de comprendre. Donc, j’analyse. Mais, avant de commencer, je dois me présenter. A minima.
Bien que j’aime écouter certains tubes de la musique Rap, je ne suis pas rappeur. Je n’ai pas abusé des allocations familiales. Je n’ai volé ni scooter ni salade. Je n’ai pas brûlé de voiture. Je n’ai pas tiré sur des policiers ni posé de bombe. Mon épouse ne porte pas la Burqa. … etc. Bien que réputé plutôt bon nageur, j’ai traversé, légalement, la Méditerranée il y a déjà plusieurs années. Mon ratio « vie en France / vie au Maroc » est supérieur à un. J’aime la France. J’aime le Maroc.
Je suis juste pharmacien praticien hospitalier. J’exerce au centre hospitalier de Cholet, un hôpital public situé dans le Maine-et-Loire. Mais, avant d’être praticien hospitalier, je suis, avant tout, citoyen français. Citoyen français mais accessoirement « maghrébin », je l’admets bien volontiers. Longtemps réclusionnaire de l’illusionnisme, je viens de comprendre que je ne pourrais prétendre accéder, comme mes autres concitoyens, au « Label France ». Un français de « seconde catégorie », telle est la position qu’on voudrait m’assigner. L’étiquette qu’on aimerait me coller. Mais, cela ne me décourage point.
Rassurez-vous. Je ne cherche pas à vous exposer ni ma vie privée ni mon autobiographie. A l’inverse, je me sens obligé de décliner mon parcours professionnel français. Le seul qui, à mon sens, se justifie eu égard à la finalité de ce blog et qui me permettrait, peut-être, de bénéficier d’une présomption de crédibilité dans l’attente de pouvoir établir mes démonstrations futures centrées sur les thèmes listés de notre société. Ce parcours peut se résumer en quelques lignes : trois concours nationaux des plus sélectifs ; six années à la faculté de pharmacie d’Angers comme ma consœur Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN ; quatre années comme interne en pharmacie dans les hôpitaux universitaires de Toulouse ; presque quatre années comme assistant spécialiste des hôpitaux ; praticien hospitalier à titre provisoire puis, à titre probatoire avant d’être nommé, en 2005, à titre permanent. Je suis titulaire des diplômes français suivants : diplôme d’Etat de docteur en pharmacie ; diplôme d’études spécialisées de pharmacie industrielle et biomédicale ; diplôme universitaire de gestion des entreprises ; diplôme universitaire de pathologie médico-chirurgicale ; diplôme universitaire de pharmacocinétique [sciences étudiant le devenir du médicament dans l’organisme] ; diplôme interuniversitaire d’antibiologie et autres traitements anti-infectieux ; diplôme interuniversitaire de statistique appliquée à la médecine, option biologie ; maîtrise de sciences biologiques et médicales. Mon Curriculum vitae (C.V.) met en évidence plusieurs publications dans le domaine de la santé publique. J’ai également servi dans quelques pharmacies d’officine (en ville) de la douce région angevine.
Par notamment le Travail, j’ai réclamé et obtenu la forme suprême de ce que certains dénomment « intégration » voire « assimilation ». La République Française, la grande France, m’a permis d’y accéder. Mes Maîtres et Condisciples me l’ont permis. Mais, aujourd’hui, la cassure brutale et durable de ma trajectoire, que j’ai construite brique par brique, est nette. Sans raison objective. Et, je ne suis pas le premier et seul perdant.
J’ai commis le seul tort de vouloir rester fidèle aux règles ordonnées par ma profession, justifier mon salaire et, me conformer aux dispositions dictées par les Codes légaux de la République. J’ai commis le seul tort de vouloir servir loyalement mon pays d’accueil. J’ai souhaité servir l’intérêt du patient et celui de l’hôpital public, auquel je suis attaché et dans lequel je me suis investi, plutôt que d’aliéner mon indépendance professionnelle au service d’intérêts personnels et catégoriels. J’ai refusé de cautionner des dysfonctionnements graves, évitables et coûteux, qui ne peuvent qu’engager la sécurité et la vie des patients. J’ai refusé l’inefficacité. En somme, j’ai commis le seul tort de vouloir être et rester pharmacien et citoyen français.
Depuis, au moins 2005, depuis au moins sept ans, sans argument objectif, je subis un traitement ciblé de façon continue. Des agissements répétés que je pourrais nommer ainsi : obstacles dans l’exercice de mes fonctions ; freins dans la mise en œuvre des projets du centre hospitalier dans lequel j’exerce ; menaces, intimidations ; atteintes aux droits, à la dignité, à la santé, à l’avenir professionnel ; différences de traitement ; dénonciations injustifiées ; atteintes à l’honneur et à la réputation ; calomnie ; mise à l’écart ; isolement ; solitude ; épuisement ; … etc. Le prix de mon refus de la compromission.
Mais, plus incompréhensible encore est l’indifférence, l’inertie, l’inefficacité voire la complicité des représentants des organes de contrôle, de régulation et de sanctions. Des organes affichant, pourtant, le label « Liberté, Egalité, Fraternité ». Je suis indigné qu’ils ne se soient pas indignés. Je suis indigné de ne pas les voir afficher activement la vérité. Je suis choqué de ne pas les voir venir à mon secours. Ils sont restés insensibles, c’est peu dire, aux nombreuses alertes et preuves matérielles, indépendantes et règlementaires en tout premier lieu, qui leur ont été transmises tout le long de ces nombreuses années. Des preuves comme celles établies par la chambre régionale des comptes (2002) ; l’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (2003), la haute autorité de santé (2007 puis 2011) ; le médecin inspecteur régional du travail (2006 puis 2007) ; le pharmacien inspecteur de santé publique (2007 / 2008), une inspection diligentée pourtant par le ministère public à ma demande ; le service régional de la police judiciaire ; le psychiatre des hôpitaux, praticien hospitalier depuis 1980, ancien président de la commission médicale d’établissement, diplômé de victimologie, de praticien de la psycho-traumatologie du travail (2007) ; le médecin en santé et travail (2007) ; le médecin qui est l’actuel responsable du pôle (2008 puis 2010) [un pôle est composé de plusieurs services hospitaliers] ; l’inspecteur du travail (2010) ; le médecin légiste, expert près la Cour d’appel, diplômé de réparation juridique du dommage corporel, chef de service de santé au travail d’un centre hospitalier régional (2010) ; le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui a inscrit, à deux reprises, ma situation dans le registre des dangers graves et imminents (2011) ; …etc.
En l’absence d’explications rationnelles et objectives, toutes les hypothèses sont permises.
On contemple la « mort lente » que l’arbitraire s’efforce de m’infliger. Ma « mise au cachot » leur est indifférente. Un « viol moral », une « tournante ». Mes écritures seraient invisibles. Ma voix inaudible. Mon « carrièrogramme » s’est aplati. S’agirait-il d’une délivrance implicite d’un « permis de tuer » ? Seraient-ils en attente d’un « cadavre » avant de les voir intervenir ? Ne faudrait-il que du « sang » et du « sexe » pour prendre conscience ? Ce châtiment fait souffrir ma famille, par procuration. Injustement. Je ne dois pas renvoyer la traditionnelle image de la victime « blonde aux yeux bleus ». Ce n’est pas de ma faute. Pardonnez-moi. Je n’ai pas choisi mon lieu de naissance. Je l’ai subi. J’en suis fier. Mais sachez que la souffrance n’a ni faciès ni couleur. Elle peut même être invisible du lointain observateur.
L’absence de décision est une véritable décision. Presque mécaniquement, l’abstention signe l’approbation. De la « tyrannie silencieuse » …
Ecoutons un auteur cher au Président de la République ; entendons Aimé CESAIRE : « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse. … »
Par contre, on sait juger rapidement les reconduites aux frontières, les prolongations des rétentions administratives. On sait rappeler à mes concitoyens ordinaires, mes semblables, les lois de la République. On sait faire davantage, parfois même avec du zèle, lorsque, sur les bancs des accusés, on aperçoit un « Omar », « Mamadou », « Mohamed », …, le frère d’une « Rachida », …
On sait douter des diplômes de « Rachida » …
Si l’on croit L’EXPRESS du 18 janvier 2012, le député-maire, et président du conseil de surveillance de l’hôpital dans lequel j’exerce, aurait tenu les propos suivants : « On se fait dévorer par des minorités qui veulent imposer leurs modes de vie, leurs préférences religieuses … La République et la nation sont menacées. » L’article poursuit : « Haro sur le halal à la cantine, l’immigration « sociale » ou l’autoflagellation outrancière … ».
Mais, moi, Amine, je n’ai voulu faire respecter que le Code de la santé publique, la loi, le règlement, … au sein de l’hôpital public qui m’a accueilli ! Pas de chance … Amine reste classé dans les « minorités » quoiqu’il fasse …
Finalement, dans la grande France, Amine aurait-il une place, un avenir, une existence, …, uniquement sur les terrains de football et les tatamis ? Ou comme vigile à l’entrée des magasins, à l’entrée du Palais de Justice ? Malgré son « Bac +10 » …
De la « négritude » d’Aimé CESAIRE à la « maghrébitude » … Plafond de verre !
J’ai pensé pouvoir trouver une aide précieuse auprès du procureur de la République eu égard aux prérogatives qui lui sont attribuées par son honorable et respectable fonction. Nos métiers respectifs commencent par la même lettre « P ». Ils convergent vers la même finalité : « Protection du Public » ! Et le « Public », c’est vous ! Le « Public », c’est nous tous ! Toutefois, le « P » du « Procureur » est infiniment plus puissant que le « P » du « Pharmacien ». Mon « P » a également besoin de la protection du sien. Mais, sa bienveillance aurait décidé de m’abandonner. Il aurait choisi de m’appliquer un « standard » différent de celui dicté par le « P » du Code « Pénal » qu’il manie. Aurait-il un tel droit ? Nos deux « P » auraient « divorcé ». La « Protection du Public » serait menacée. « P » comme « Politique » aussi … Mais, ce « P » là, pourrait, sous toutes réserves, nuire aux « P » du « Procureur » et du « Pharmacien » … De notre indépendance dépend, en effet, la synergique efficacité de nos métiers respectifs !
Alors partie civile, on m’a même demandé de me soumettre à une expertise psychologique approfondie pour mesurer notamment mon « degré de connaissance et de maturation en matière sexuelle, compte-tenu de mon âge » ! Comme si la « vérité » serait, finalement, cachée dans les « bourses du pharmacien « maghrébin » » … Mes détracteurs, eux, dont les noms et prénoms « sonnent bien français », n’ont pas eu à subir le privilège d’une telle « fouille » ! Alors même que les contradictions, les affirmations écrites inexactes voire mensongères sont plutôt l’œuvre de mes agresseurs. Pourquoi une telle humiliation ciblée et sélective ?
Ecoutons Aimé CESAIRE : « Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. … »
« Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’Hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’Homme, ce n’est que l’humiliation de l’Homme en soi, c’est le crime contre l’Homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique. … »
« Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. … »
Banalisation du mal. En 2012, je pense qu’il y aurait lieu de chercher, de repérer, d’identifier, de décrire, …, la nouvelle forme de l’oppression des temps modernes. Elle est peut-être invisible, insidieuse, sournoise. C’est peut-être un mécanisme, un fonctionnement, un raisonnement, une force extérieure, une puissance exacerbée, un extrême pouvoir, une caste avec ses antennes satellites, … Il y aurait lieu de donner une nouvelle définition du « colonisateur » et du « colonisé ». Nous sommes tous concernés quelle que soient nos origines et nos appartenances vraies ou supposées.
Certains préfèrent se suicider. D’autres choisissent de partir. De démissionner. Moi, j’ai choisi de rester et d’écrire. Pour une efficience (qualité, sécurité, coût) commune et partagée au service de l’usager et de la collectivité. Une participation utile et contradictoire pour notre bien commun. J’en ressens le besoin vital. J’estime que nos vies ne pourraient devenir négociables.
Ma longue et interminable immersion dans ce système d’erreurs latent me permet de percevoir et de décrire ses mécanismes de fonctionnement. Un système sponsorisé. Un instrument mal ajusté, mal taré, décalé. La distorsion entre « l’affiche » et le « film projeté », entre « l’annonce » et « l’acte vérifiable », serait devenue la règle. Un déni de sens malgré les preuves écrites les mieux établies. Trouble dans l’existence. Passivité et complaisance. Corruption des mœurs.
La République et les caïds ; Marianne et les caïds. Conflits des normes. Besoin urgent de salubrité publique. La loi est belle mais, sa mise en œuvre serait devenue approximative et aléatoire. L’incompréhensible paradoxe !
Serions-nous dans le réel ?
Le respect commence par un « regard vers le paysage de l’autre ». Ne détournez point le vôtre. Le respect se poursuit par l’expression d’un « parler-vrai », d’un « argumentaire-vrai » et d’un « acte-vrai ».
Et, il serait vain, il serait illusoire de vouloir tenter de me (nous ?) faire croire que les dysfonctionnements d’une telle ou telle respectable institution fondamentale de l’Etat seraient, uniquement et seulement, la conséquence d’un manque de moyens.
Nous sommes tous, toutes, des citoyens, des élèves, des étudiants, des patients, des justiciables, …etc. potentiels. Education, enseignement, santé, justice : quatre missions Régaliennes interdépendantes à sauvegarder et à protéger. Chacun de nous a donc le devoir et le droit de penser, de s’exprimer, de proposer, d’écrire … Librement. Ensemble. Dans la même direction. Choisissons une réflexion systémique plutôt qu’une stigmatisation individuelle. Privilégions plutôt une approche organisationnelle.
Ma prétention, mon raisonnement, seraient, peut-être, mal-fondés. Je peux me tromper. Mais, j’ai le droit d’espérer. Vous n’êtes nullement obligé(e) de me croire. Si tel est le cas, il vous appartiendrait alors de le démontrer. De le prouver. D’abord, à vous-même. A votre âme et conscience. Car la désapprobation aussi générale soit-elle, ne pourrait, à elle seule, constituer une preuve recevable. D’autant plus si la motivation ne cherche qu’à nourrir une appréciation d’ordre général en évitant l’indispensable « descente dans le souterrain ».
Nous tous, quel que soit notre métier, refusons le statut de bouc-émissaire dans lequel on voudrait nous enfermer. Le bouc-émissaire à qui on voudrait faire endosser le symptôme de la pathologie systémique. Intégrons de façon dynamique nos apparentes divergences. Engageons de réelles et effectives mesures correctives et surtout préventives pour notre intérêt général commun.