Le 23 juin 2005
Je me présente
au guichet de l’hôpital pour solliciter un bon afin de pouvoir effectuer une
prise de sang qui m’a été prescrite par un médecin.
Je prends place
dans la file d’attente. Mon tour arrive.
La personne qui
m’accueille m’informe que les droits de ma mutuelle sont échus depuis le 31
décembre 2004 selon les indications de son ordinateur qui me connaît déjà. Elle
me demande de lui fournir ma nouvelle carte mutuelle.
Je ne dispose
pas, dans l’immédiat, de ma nouvelle carte valide. J’explique ce fait à mon
interlocutrice. Je lui précise que je lui présenterai ma carte dès le
lendemain. Je suis certain que mes droits sont à jour. Les cotisations à cette mutuelle hospitalière me sont directement
prélevées sur le bulletin de paie qui m’est fourni par l’hôpital, lui-même.
Un fait aisément vérifiable. Un simple appel téléphonique permet de s’en
assurer.
Mon
interlocutrice fait appel à sa collègue, plus chevronnée. Celle-ci arrive et
m’explique qu’elle ne pourra me donner ce bon si je ne fournis pas la preuve de
validité de mes droits. Je renouvelle mes explications en ajoutant qu’elle peut
me croire et qu’elle n’a rien à craindre puisque je suis pharmacien dans
l’établissement : un autre fait, lui aussi, facilement visible puisque je
suis en blouse de travail. Une blouse qui comporte un badge avec mon nom, mon
prénom et ma fonction. Cette personne se met à réitérer ses affirmations, à
haute voix. A ce moment, je lui demande de bien vouloir garder un minimum de
discrétion vis-à-vis des autres personnes qui attendent leur tour de passage.
Elle me demande d’aller voir le référent de cette mutuelle dans l’établissement
pour récupérer la date de validité de ma carte. Démarche que je fais. Ce
référent étant absent, je finis par téléphoner à mon épouse et récupère cette
date.
Je me présente,
à nouveau, à ce guichet. Je fais la queue.
Lorsque mon tour
arrive, je communique à cette même personne la date de validité de ma carte.
Mais, cela ne suffit pas. Mon interlocutrice me signifie qu’il faut que je lui
présente la preuve. Je lui indique alors que j’aurais espéré un meilleur
accueil et moins de suspicion entre collègues travaillant pourtant dans le même
établissement.
Je reviens à la pharmacie
et, sollicite l’autorisation du chef de service (pharmacien n°1) pour pouvoir
aller chercher « mes papiers ». Puis, à nouveau, je me présente au
guichet et, fournis ma carte.
Et pourtant, je
n’aurais même pas besoin de fournir de tels documents …
Et pourtant,
j’aurais pu rappeler à ces deux personnes le contenu de la note de service n°2003-16. Celle-ci date du 14 août 2003. Elle a été adressée, par l’ancien directeur, à tous
les services de l’hôpital :
« L’attention du personnel titulaire ou stagiaire de
l’établissement bénéficiant du fait de leur statut, de la gratuité des soins
prévue à l’article 44 de la loi 86-33 du 9 janvier 1986 est appelée sur une
modification de la prise en compte de ces dispositions. Cette gratuité des
soins conduisant à ce que le centre hospitalier de Cholet prenne en charge la
part mutuelle en complément de la part sécurité sociale. Suite à un arrêt de la
Cour de Cassation, ce droit statutaire est désormais qualifié d’avantage en
nature et fera donc l’objet, pour la part prise en charge par l’établissement,
d’une déclaration sur votre bulletin de salaire donnant lieu à cotisation CGS
et CRDS. Ces avantages en nature seront intégrés dans le revenu imposable des
agents hospitaliers. Les agents adhérents d’une mutuelle complémentaire peuvent
solliciter auprès de celle-ci la possibilité d’une prise en charge des frais
d’hospitalisation et de soins externes. Dans ce cas, il n’y aura pas de
qualification d’avantage en nature. Il vous appartient donc d’interroger votre
mutuelle sur la prise en charge prévue dans le cadre de l’article 44 de la loi
86-33 du 9 janvier 1986, portant dispositions statutaires relatives à la
fonction publique hospitalière. Ces dispositions seront applicables à compter
du 1er septembre 2003. »
Mon statut me
permet donc de bénéficier de cet avantage. Ce service m’est refusé au sein de
l’hôpital dans lequel j’exerce.
Mais à cet
instant, je suis loin d’imaginer la suite …
Dès le
lendemain, le 24 juin 2005
Un adjoint des
cadres administratifs travaillant dans ce guichet me dénonce tout en précisant
qu’il était absent « au moment des faits » !
Cet agent
adresse un rapport d’incident notamment à la directrice adjointe chargée de la
direction des systèmes d’information, de la qualité et de la communication
(DSIOQC). Il s’agit de la direction qui bloque les « documents
qualité » que je lui avais transmis depuis ce 16 avril 2003, 18 : 03 ! (Cf. article : « Extrait n°1 : Obstacles et dénonciations à
l’hôpital »)
Selon ce rapport, j’aurais provoqué un « discrédit du personnel » du guichet « vis-à-vis du public présent »
et une « humiliation de
l’agent » qui m’avait refusé la délivrance du service que je tiens
légalement de mon statut.
Ce
rapport d’incident explique :
« Le 23 juin 2005 vers 9h30, M. UMLIL (pharmacien au centre
hospitalier de Cholet) se présente à un guichet des consultations externes pour
avoir un bon de consultation. L’agent présent au guichet, Madame … (aux côtés
de Madame …, contractuelle arrivée le 20 juin 05) entame la procédure
d’enregistrement du dossier selon les règles établies et avec politesse. Les
droits de la caisse complémentaire référencée sur le dossier ne sont plus à
jour (fin de validité au 31/12/04), elle demande donc au patient de lui fournir
la carte de mutuelle mentionnant les nouvelles dates de prise en charge. M.
UMLIL ne comprend pas que l’agent lui demande ce document, argue de sa
profession de pharmacien dans l’établissement, s’énerve et reproche à l’agent
de le mettre en position de gêne vis-à-vis des patients présents aux guichets
voisins alors que l’agent lui explique la nécessité de produire cette carte
sans hausser la voix pour respecter la confidentialité. Devant tant
d’agressivité, le bon de consultation lui est proposé en précisant que la carte
pourra être fournie ultérieurement (délai de régularisation du dossier avant
facturation au patient) mais M. UMLIL le refuse et dit qu’il va voir Mme …,
référent MNH [la dite mutuelle hospitalière]
dans l’établissement. M. UMLIL revient au guichet donner les nouvelles dates de
droit avant d’aller à sa consultation, reproche à l’agent le fait de ne pas lui
avoir parlé correctement et d’avoir exposé sa situation au public présent,
précise « qu’on peut appeler les gendarmes pour vérifier ses
papiers ». Mme … reste patiente et courtoise, ses collègues présentes
confirment à M. UMLIL que c’est la procédure réglementaire d’enregistrement qui
a été appliquée. M. UMLIL se présente peu de temps après au guichet de Mme …,
lui présente la carte de mutuelle actualisée sans mot dire, Mme … enregistre
l’information sur le dossier, lui redonne le document et lui dit au revoir. M.
UMLIL part sans un mot. Une secrétaire médicale du laboratoire présente à un
guichet voisin pour la création de bons s’étonne elle aussi de la réaction
disproportionnée et sans objet de M. UMLIL [cette secrétaire est arrivée à
la fin de l’incident]. Je trouve
inadmissible que du personnel du centre hospitalier, quelque soit son statut
dans l’établissement, se comporte ainsi avec d’autres membres du personnel. De
plus, au nom de quel argument M. UMLIL peut prétendre se soustraire aux règles
d’enregistrement administratif prévues pour l’ensemble des patients. J’étais en formation (salle
informatique PSY 8) au moment des faits
et n’ait donc pu intervenir. Si j’avais été présent, je me serais expliqué avec
M. UMLIL quant au bien fondé de la demande de ma collègue concernant la
procédure d’enregistrement des dossiers de patients et me serais permis de lui
préciser que lui seul avait enfreint les règles de courtoisie et de
confidentialité. Je reste à votre disposition pour un éventuel complément
d’information et souhaite retenir votre attention sur le fait que des agents
soucieux de faire leur travail correctement puissent se le voir reprocher. »
Le 28 juin 2005
Unilatéralement et sans même recueillir préalablement ma version des
faits, cette directrice adjointe (celle qui bloque mon travail depuis 2003) juge et me dénonce au nouveau directeur arrivé le 01 février 2005.
Elle ne se contente pas de lui transmettre le rapport d’incident. Non,
elle ajoute sa « petite touche personnelle » en requalifiant ainsi
les faits :
« Objet : Acte
d’agression au bureau des consultations externes [le guichet] le 23 juin 2005.
Je
vous prie de bien vouloir trouver, ci-joint, copie d’une fiche signalétique
d’incident transmise par le bureau des consultations externes faisant état de l’acte
d’agression dont a été victime,
un adjoint administratif, le 23 juin dernier. »
Le 05 juillet 2005
Le directeur m’adresse un courrier,
par voie interne, que je ne reçois à la pharmacie que le 08 juillet 2005 :
« Monsieur,
Je
porte à votre connaissance un rapport d’incident ayant fait l’objet d’une fiche
signalétique où vous êtes personnellement impliqué. Je vous saurai gré de me
faire parvenir vos remarques à ce sujet. Dans cette attente, je vous prie de
croire, Monsieur, en l’assurance de mes sentiments distingués. Pièce
jointe : copie du rapport d’incident. »
Ce n’est qu’à cet instant que
j’apprends l’existence de cette dénonciation à mon encontre.
Je vous épargne volontiers le contenu
de l’entretien que j’ai eu dans le bureau du directeur à ce sujet.
Témoignage d’un collègue médecin aux
nom et prénom « bien français »
« A
l’occasion d’un rendez-vous d’ophtalmologie le jeudi 9 juin 2005, à 13h45, je me suis présenté au bureau des
consultations externes [le même guichet de l’hôpital].
Mon étourderie faisait bien sûr que je n’avais sur moi ni carte vitale, ni carte de
mutuelle. L’agent de service m’a proposé de les présenter ultérieurement et
m’a remis sans difficulté aucune le
bon de circulation et les étiquettes que j’ai ensuite présentés à ma
consultation. J’ai amené dès le lendemain les documents demandés : je me
suis entendu dire alors qu’il n’y avait
rien de pressé et que j’aurais pu tarder plus à présenter ces
justificatifs. »
Ce collègue médecin s’interroge
ensuite :
« Il
y a lieu de « s’étonner », c’est peu dire, d’une pareille différence de traitement de la même situation.
Il conviendrait certainement d’en explorer la fréquence et les causes de
manière à les corriger. Je ne pense pas m’avancer beaucoup en vous garantissant
la solidarité de l’ensemble de notre collectivité. »
Témoignage d’un autre collègue médecin
aux nom et prénom, cette fois, « bien exotiques »
« Je
soussigné, docteur … médecin au centre hospitalier de Cholet, atteste que
durant l’année 2006 et qu’à l’occasion d’un examen médical personnel au sein de
l’établissement, il m’a été demandé au niveau de l’accueil ma nationalité alors que j’avais
déjà donné ma carte vitale. »
Cet
« incident du guichet » marque clairement le début de mes ennuis
visibles.
Je ne connaîtrai plus un moment de
répit. La théorie de l’étiquetage, basée sur l’arbitraire, se met en route. « Conflictuel, agressif, violent, a des
difficultés pour travailler en équipe, … etc. » sont les qualificatifs
qui me seront, désormais, attribués par le cercle, bien restreint, de la bande.
D’ailleurs, le 13 juin 2007, bien
qu’elle ne soit pas non plus témoin direct de cet incident, la pharmacienne
(n°2) soutient :
« Ses relations avec les services de l’établissement externes à la
pharmacie sont également devenues difficiles … Bureau des consultations
externes [guichet], … ».
Dans ma plainte pénale
avec constitution de partie civile, mon deuxième avocat (pénaliste) précise :
« Cet
épisode du guichet a mis en évidence une regrettable différence de traitement
des employés, au sein de l’hôpital, en raison probablement de leur origine raciale. »
C'est honteux de trouver du racisme dans l'hôpital public, j'ajouterai un racisme mêlé de jalousie !
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