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dimanche 24 novembre 2013

Médicaments Génériques : quelle "grande arnaque" ?


Objet : Réputation des médicaments (spécialités) génériques. Demande d’intervention. Ouvrages destinés au public.
 

Madame Marisol TOURAINE
Ministre des affaires sociales et de la santé

 

Madame La Ministre,

 

 

Cette année 2013 aurait consacré la condamnation, en France, d’une firme pharmaceutique pour dénigrement des génériques de PLAVIX® (Clopidogrel).

Or, sauf erreur de ma part, cette mesure n’aurait pas été suivie d’effets lorsqu’on pense à toutes les informations qui ont été diffusées auprès du grand public notamment.

Que pensez-vous, par exemple, de ce titre d’un ouvrage paru cette même année 2013 :
 
« MEDICAMENTS GENERIQUES : LA GRANDE ARNAQUE » (Editions Du Moment) ?
 
Dans ses pages 59 et 60, ce livre nous explique, par exemple, que « lors de la substitution, le malade peut passer d’un générique de 80% d’efficacité à un générique de 120%, pouvant entraîner une augmentation de sa concentration sanguine de 40%. »

Or, en réalité, il suffit de consulter quelques documents versés à la fin de ce même livre.

En effet, dans sa page 189, le document de l’académie nationale de médecine affirme plutôt que ces « concentrations plasmatiques [sanguines] d’un générique bioéquivalent ne devront pas être différentes de plus de 5 à 7% des concentrations obtenues avec le princeps. »

A elle seule, cette contradiction entre les pages d’un même ouvrage, cette anecdote, démontre le caractère approximatif, inexact voire mensonger et trompeur notamment dudit titre qualifiant les médicaments génériques de « la » grande arnaque.

Il suffit de se référer également au rapport N°RM2012-115P de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) de septembre 2012. Dans ce document intitulé : « Evaluation de la politique française des médicaments génériques », on peut lire notamment : « En fait, cette variation de la concentration plasmatique… entre génériques et princeps varie dans des proportions qui sont celles que l’on tolère pour les différents lots d’un même médicament princeps ou générique, soit moins de 5%. »

Avec de telles informations contradictoires et erronées diffusées sans contrôle auprès du public, comment voulez-vous que le doute ne soit semé dans l’esprit de tout patient potentiel ?

Avec le trouble généré par de tels ouvrages, comment espérez-vous que les directives, incitant à l’utilisation des spécialités génériques, puissent être mises en œuvre de façon effective ?

Ce type de publication complique le travail des professionnels de santé, médecins et pharmaciens notamment, qui sont attachés à exercer leurs professions conformément aux données acquises de la science. Qui souhaitent dispenser aux patients une information vérifiable, valide et indépendante.

Il vous appartient d’intervenir. Pour prendre toutes les mesures qui s’imposent. Afin de rétablir, sans détour, la réputation des médicaments génériques. Et par la même, la confiance du public.

A mon sens, il y a lieu notamment d’engager les actions utiles qui permettront notamment la correction des propos, contraires aux données acquises de la science, qui figurent dans ce livre, et dans tel ou tel autre ouvrage.

Il y a lieu de faire rappeler tous les exemplaires de ces ouvrages, au contenu inexact, qui ont été diffusés. Qui ont été vendus à nos concitoyens. Ou qui gisent encore ici ou là.

Les produits de santé, et en particulier le médicament, ne sont pas des produits comme les autres. Ils ne peuvent faire l’objet d’un « commerce » et/ou d’une « publicité » incontrôlés.

Les maisons d’éditions devraient envisager de faire vérifier, préalablement à leur édition, les manuscrits relatifs au domaine de la santé par un comité de lecture ad hoc étranger à tout conflit ou lien d’intérêts.

Enfin, il en va de l’efficience (qualité, sécurité, coût) de la politique de santé. Et de sa cohérence.

 

Comptant sur votre réaction.

Dans l’attente d’une éventuelle réponse de votre part,

En restant à votre disposition pour tout complément d’information ou pièce utile,

Je vous prie de bien vouloir recevoir, Madame La Ministre, l’expression de mon profond respect.

 

Amine UMLIL
Pharmacien praticien hospitalier
 
 
 
 
 

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