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mercredi 6 février 2013

L'hôpital public : "PSG" !


C’était dans mon rêve …

La mission d’un hôpital public peut se résumer en trois lettres : « PSG ». Comme « Prévenir », « Soigner », et peut-être « Guérir ».

L’état dans lequel se trouve notre hôpital public me conduit à soumettre quelques nouveaux éléments de réflexion, non exhaustifs. Pour éviter notamment que la « base » ne soit sacrifiée, tel un bouc-émissaire, à la place de quelques décideurs de la « pyramide ».

Il me semble que les solutions se trouvent dans l’analyse des causes qui ont conduit à un pareil délabrement de notre hôpital public. Peut-être pourrait-on « tourner la page », mais on ne peut « déchirer » celle-ci. Les événements du passé dessinent les chemins de l’avenir. C’est comme dans les films « Le retour vers le futur » …

En préambule, il y a lieu de rappeler qu’il serait vain et illusoire de vouloir me faire croire que les dysfonctionnements seraient la conséquence du, seul et unique, manque de moyens. La loi est belle, mais sa mise en œuvre serait parfois approximative et aléatoire.

Cette situation était prévisible et dénoncée à plusieurs reprises ; y compris par voie de presse. Mais, en vain.

Notre outil de travail a été mis à genoux. Le désordre a anéanti l’ordre. La négligence et l’imprudence ont insulté la rigueur. Les « codes locaux » ont « mis au tapis » les codes légaux. En toute impunité.

Les compétences médicales, notamment, de différentes spécialités, au parcours et à l’engagement institutionnel vérifiables, à la stabilité certaine, au salaire codifié, ont fini par prendre la fuite eu égard à la surdité et à l’aveuglement démissionnaires. Elles ont laissé la place à quelques mercenaires, de passage, rémunérés avec des « magots de maharadjah ». Je ne peux que contempler « la liste » ; la preuve du turn-over. De la valse. Ça va et ça vient. Instabilité. Insécurité. Précarité. Intérim. C’est devenu la routine.

Je n’oublie nullement le départ de plusieurs directeurs adjoints notamment. Par exemple, combien de directeurs financiers se sont-ils succédés sous le règne de l’intouchable « col blanc » ?

Un hôpital public qui réduit, en le déconsidérant, un seul de ses services de soins se met lui-même en situation délicate. De façon imagée, c’est comme une équipe de football (ou autre) qui contiendrait, parmi ses joueurs, un élément non performant … Et que dire lorsqu’un tel traitement s’applique à plusieurs services de soins ?

Asphyxier un service de soins étiqueté, par je ne sais quelle « règle », comme « non rentable » revient à fragiliser plusieurs autres services de soins dont ceux dits « rentables ». Méconnaître le lien fort existant entre toutes les disciplines médicales s’apparente à la destruction d’un « bloc de compétences » ; dont les membres doivent pourtant avancer, nécessairement, ensemble et dans la même direction. Méconnaître ce lien, et le « château de cartes » s’effondre.

C’est comme l’équipe de football qui ne valoriserait que ses joueurs mis en première ligne : les attaquants …

Pour fonctionner correctement, les services de soins dits « rentables » ont besoin des avis des spécialistes exerçant dans les services de soins qualifiés de « non rentables ». Ladite « règle » a ignoré ce fait. Et, aujourd’hui, l’addition semble lourde.

Pour marquer un but, les attaquants ont besoin des ailiers, des milieux de terrain, des défenseurs et du gardien de but notamment … et inversement …

Comme si les services de soins qualifiés de « non rentables » effectuaient les actes pour eux-mêmes ! Alors que ces services ne font que répondre à une demande des autres services de soins. Mais, peut-être que ces services dits « non rentables » devraient-ils facturer leurs prestations aux services demandeurs.

C’est comme si on disait à tous les joueurs de l’équipe de football, excepté les attaquants : vous ne marquez pas de buts, donc vous êtes inutiles. On imagine mal une équipe de football dans laquelle seuls les attaquants seraient correctement habillés avec a minima un maillot, un short, des chaussettes et des chaussures.

J’ai assisté à un étonnant phénomène. Le labile et le volatile ont remplacé le stable. Le secondaire a supplanté le principal. Le douteux a chassé la compétence. La ruse et le mensonge se sont développés. L’arbitraire a prospéré. Les instances se sont transformées en chambres d’enregistrements. Les procès-verbaux des séances sont devenus « light ». L’appropriation de l’institution et la censure. Le Management « médico-administratif » par les preuves a cédé au « management » par la Terreur. Mépris des patients et des soignants. Corruption des mœurs. Et gare à celle ou à celui qui tente de s’opposer à un tel écoulement et, qui ose bousculer le statu quo.

Ça « joue », mais on ne sait pas comment faire pour « marquer un but » tellement l’adversaire est coriace. Et, les meilleurs « joueurs » sont sur le « banc des remplaçants ». Priorité aux « anciens moustachus » et aux ami(e)s. Ce sont toujours les mêmes « joueurs » qui font les parties ; et ces derniers seraient dotés d’une surprenante faculté qui leur permettrait de « jouer » à tous les postes. Il y en a même qui « jouent » à plusieurs postes en même temps ! Une impressionnante capacité de « dédoublement » …

On ne sait pas faire. Alors, on « joue » au-delà des limites du terrain : sur la touche, derrière son propre but, dans le vestiaire, … etc. L’essentiel serait de faire semblant de s’agiter. Seul « bouger » serait important même si le mouvement est fait dans le sens inverse. Et, que l’on marque régulièrement des buts CSC (contre-son-camp).

L’intervention épisodique d’un arbitre (l’équivalent de la haute autorité de santé, ou un inspecteur, par exemple) arrive à remettre temporairement, l’’instant d’une visite, les « joueurs » et leur « entraineur » dans le bon sens. Mais, dès que l’arbitre s’éclipse, les réflexes reprennent leurs us-et-coutumes. Sous le regard désolé des remplaçants, gonflés à bloc.

Aussi, Madame la « rigueur budgétaire », vous appartiendrait-il de ne pas se tromper de cible(s) lors des éventuelles mesures, nécessaires, de redressement que vous serez, peut-être, amenée à prendre.

En effet, ces éventuelles mesures ne sauraient cibler les équipes déjà squelettiques. Elles ne pourraient se focaliser sur les professionnels de terrain qui sont au contact direct et permanent de la « poussière ». Elles ne sauraient sacrifier le travail des « chevilles ouvrières » dévouées, aides-soignant(e)s, infirmier(e)s, voire agents administratifs, … etc., aux salaires de « misère ». Elles éviteraient d’appauvrir l’essence même de nos métiers et, en particulier ceux centrés sur la sécurité des soins déjà bien malmenés. Elles ne sauraient vider de leur substance les coopérations existantes, depuis de nombreuses années, et tissées dans le cadre de réseaux régionaux et/ou nationaux sous prétexte de vouloir récupérer quelques centaines d’euros par an (correspondant aux frais de déplacements par exemple). Ces coopérations nous permettent de « sortir du bocal » pour « prendre un peu l’air » lors de contacts professionnels avec des équipes hospitalo-universitaires dont la hauteur est toujours maintenue. Besoin « d’oxygène » …

A mon sens, et dans l’intérêt premier du patient, de tout patient potentiel, et de notre hôpital public, il serait plus judicieux de « demander des comptes » notamment aux membres « d’en haut » dont les décisions sont à l’origine de la situation inquiétante actuelle. Le « solde de tout compte » devrait leur être soumis. Ils ne peuvent s’exonérer de leurs responsabilités qu’ils revendiquent et affichent. Ils ne pourraient non plus les répercuter sur « la base ». Ils ne peuvent éternellement se cacher derrière le « bouclier : institution » ; cet étonnant privilège accordé à certains responsables de la fonction publique. Ils devraient être réduits à leur simple dimension de « praticien » et/ou « agent », voire de « citoyen ».

Il y a lieu également de s’interroger sur le fait qu’on accompagne, tranquillement, tel ou tel « chef de service » jusqu’à sa retraite malgré le fait qu’il a « plombé » ledit service. Ce chef a non seulement « fait dodo » pendant plus de trente ans, mais en plus il a empêché ses subordonnés de faire leur travail. Et, je ne parle pas du salaire (13ème échelon s’il vous plait) qui lui est versé à chaque fin de mois comme un « jackpot ». Vive la fonction publique à l’hôpital !

Et que dire de ce pôle « vedette »* qui, à lui seul, aspire et siphonne des ressources et énergies invraisemblables depuis plusieurs années ? Par exemple, a-t-on chiffré le coût de toutes les réunions et déplacements consacrés à cet ambitieux projet ? En plus, regardez juste le nombre de ses praticiens et de ses internes et comparez-les au nombre de lits pris en charge. Faites vos calculs, posez vos ratios. Et, recommencez la même opération avec les autres services de soins où certains, bien isolés, risquent de « crever la bouche ouverte ». Puis, tirez vos conclusions. L’équilibre serait rompu. La balance serait décalée et mal tarée.

Mais, il est vrai que les artisans d’un tel projet ambitieux font partie du « premier cercle ». Un « caprice des dieux » ? Pendant que les autres services de soins sont mis à la « diète » et à la « cure d’amaigrissement » ? Une « Rolls-Royce » dans le « désert » ?

(*) : Cf. article intitulé : « L’hôpital public est-il soluble dans le marketing ? » Publié en septembre 2006 dans une revue nationale avec comité de lecture (« Le Pharmacien Hospitalier »).

Faudrait-il être « président de la commission médicale d’établissement » ou « membre du directoire » pour espérer une réponse positive à un projet professionnel bien documenté et utile pour l’établissement et ses patients ? Et, à long terme …

Je perçois comme une indécence. Alors que, par exemple, la population vieillit (nous dit-on) et que les patients âgés ont besoin, pour leur prise en charge globale, de quelques spécialités médicales bien précises et pointues, notre hôpital ressemblerait à une « terre brûlée » pour ces disciplines …

Sauf erreur de ma part, la responsabilité d’un tel effritement ne saurait être imputée au seul directeur qui, en plus, aurait, semblerait-il, quitté l’établissement avec les décorations (médailles de la ville et de l’hôpital), les discours, les sourires, les petits fours, les flashs …

Mais, on connait l’autre face de cette jolie « carte postale » …

En la matière, quelle est la responsabilité notamment des membres du directoire (ex. conseil exécutif) ? Du conseil de surveillance (ex. conseil d’administration) ? De l’agence régionale de santé (ex. agence régionale de l’hospitalisation) ? … etc. Tous ont été parfaitement informés dès la constatation des prodromes d’une pareille pathologie silencieuse et contagieuse.

Mais, les lanceurs d’alertes n’ont reçu que « jets de pierres » en retour …

Et que penser lorsqu’on constate que ces mêmes individus sont toujours membres de l’équipe dirigeante actuelle ? On prend les mêmes et on recommence ?

Alors, dans la mesure où on semble attaché à l’efficience des soins (qui inclut les trois dimensions inséparables suivantes : qualité, sécurité, coût), à la rigueur (mot devenu tabou), il faudrait savoir aussi « écouter les bruits de la soute » tel un pilote d’avion ou un commandant de navire …

Il y a lieu de ne pas confondre « efficience et rationalisation » avec « rationnement ».

Il revient aux décideurs qui ont persisté et signé, alors qu’ils avaient été pourtant alertés à plusieurs reprises, de payer la facture d’un redressement éventuel.

Ou alors, étant donné que la mission qui est la nôtre peut se résumer en trois lettres : « PSG ». Comme « Prévenir », « Soigner », et peut-être « Guérir ». Et, s’il manque des fonds, on sait ce qu’il reste à faire …

A tort ou à raison …

Un drôle de rêve !

 

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