mercredi 5 juillet 2023

Schisme français. La violence et son miroir : les balles invisibles et la révolte des « bronzés »

 

« En réalité, ce mur est sourd et muet.

Je n’ai su lui parler qu’avec mon regard.

Il n’a pu me répondre qu’en me laissant entrevoir de brèves images en temps réel.

Des images tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc.

Une étrange distinction qui laisserait supposer que le blanc et le noir ne seraient point des couleurs.

Une classification, une standardisation, une mise en relief comme si l’on voulait opposer le white au black. »

Le Spectre de l’Isotèle, Amine UMLIL, 2013

 

 

 

 

« Horde de sauvages », « animaux », « nuisibles », « racaille », etc.

C’est par ce type de vocabulaire que sont désignés publiquement, ouvertement, sans gêne aucune, « les jeunes » des banlieues françaises.

Lieux de bannissement des éternels étrangers malgré leur naissance en France.

Ces français « à l’apparence arabo-musulmane » selon l’expression du Président de la République, Monsieur Nicolas SARKOZY.

Ces français estampillés, dès leur naissance et sans leur consentement, « arabes » ou « noirs » par la force de leur « gueule » et la visibilité de leur couleur de peau.

Consentement vicié par leurs propres parents qui n’ont pas choisi leurs lieux de naissance, leur misère.

Des « arabes » et des « noirs » ramenés à « leurs origines » au moindre incident.

Mais rendus invisibles à la moindre réussite.

Réussite dont la trajectoire peut s’arrêter sans préavis, sans fondement.

Plafond de verre.

 

Des jeunes banlieusards qui se révoltent suite à la mort brutale et inattendue de l’un des leurs, par balle.

Et non pour l’augmentation du prix du gasoil, d’un centime.

 

Ils sont en colère car ils semblent avoir compris, mieux que moi l’« hyper-diplômé et bronzé » aussi, qu’ils ne peuvent rien attendre de « la justice des blancs ».

Justice que je connais bien, moi le pharmacien-juriste révoqué à qui on reproche d’avoir trop bien fait son travail en protégeant le public français dans toutes les couleurs de son arc en ciel, pour l’avoir alerté, pour avoir respecté les lois de la République.


Leurs actes, certes condamnables, sont publiquement analysés sous le prisme de leur « origine » africaine et/ou de leur confession musulmane.

 

Une cagnotte est même organisée pour soutenir le policier présumé à l’origine du tir de ladite balle fatale.

Une cagnotte, qui peut se comprendre, mais dont le montant est indécent : plus de 1. 600. 000 euros.

« Tuer un arabe ou un noir rend millionnaire », peut-on ainsi lire dans certains commentaires sur les réseaux sociaux.

 

Un soutien massif donc et un déchaînement de haine dans les médias français à l’égard de ces citoyens périphériques et « bronzés » qui n’ont pas la force du nom, ni celle du prénom.

Sans se soucier de nos concitoyens français « blancs » qui vivent à l’étranger, notamment en Afrique, et pourraient être mis en danger par ces discours irresponsables.

Des médias qui ne tendent le micro qu’aux intellectuels « blancs ».

Et aux quelques soi-disant intellectuels « bronzés » qui servent de caution, qui renient leurs origines, qui crachent sur une partie d’eux-mêmes, allant même jusqu’à changer les prénoms choisis par leurs pères et mères… pour plaire à leurs suzerains.

Mais, ils resteront estampillés à jamais « arabes » ou « noirs ». Un tampon gravé sur leur front de façon indélébile.

Ils seront toujours perçus, vus, comme tels. Et ce n’est pas une honte.

Des intellectuels « bronzés », aux Curriculum vitae (C.V.) inconnus.

Dont certains éprouvent quelques difficultés avec la langue française.

Et qui livrent le mauvais diagnostic de la pathologie systémique.

Qui induisent en erreur leurs interlocuteurs « blancs », les décideurs.

En les privant d’un état des lieux objectif, impartial, équilibré et sincère.

En oubliant que le respect commence par l’expression d’un parler vrai, et par un regard vers le paysage de l’autre.

Des parasites « bronzés » qui profitent du système sous couvert d’associations ou telle ou telle autre organisation douteuse.

 

Mais, quand il ne s’agit plus d’un « bronzé » des banlieues, une cagnotte est organisée, cette fois, au soutien, non pas du policier mais, du gilet jaune « blanc » en colère et qui boxe ce policier.

Un gilet jaune révolté suite au centime de trop dans la goutte de gasoil qui a fait déborder le vase.

Le vase des pauvretés, des inégalités, des vulnérabilités.

Qui, elles, n’ont ni couleur, ni odeur.

 

Aucune analyse sous ledit prisme des « origines » n’est faite quand la colère est « blanche ».

 

Et si on parlait aussi des « origines » de la « racaille d’en haut en col blanc », de « toute origine », de « toute confession », de « tout parti politique »… ?

Qui casse et brûle notamment les services publics depuis des décennies : école, hôpital, justice, police, etc. ?

Qui commet des faits délictueux, voire criminels, plus graves que ceux imputés aux jeunes des banlieues ou aux gilets jaunes ?

Qui, et avec arrogance et sous serment, livre des réponses inexactes lors d’enquêtes parlementaires ?

Des intouchables. Des inamovibles. De la République.

 

Pour eux, à l’égard de ces Seigneurs d’en haut, la justice semble être plus lente. Plus douce.

Normal, ils sont aussi les maîtres des magistrats dont l’indépendance et la bonne foi ne sont souvent qu’apparentes.

 

Et les gens des banlieues ainsi que les policiers, notamment, tombent dans le piège tendu par la main invisible.

Alors que les deux ne sont que des boucs émissaires d’un système mis en place et entretenu par lesdits voyous en costard.

 

Les mêmes voyous qui ont récemment propulsé des soignants, des pompiers, et d’autres professionnels « blancs » et « bronzés » hors de l’espèce humaine.

En les privant de tout travail. De tout moyen de subsistance.

En les désactivant socialement. Sans entretien préalable. De façon extrajudiciaire. Au mépris de tous les droits de la défense.

En les enfermant dans les couloirs de la mort professionnelle.

En portant atteinte à leur dignité.

À leur estime devant leurs propres enfants.

Parce que ces professionnels ont commis un seul tort : refuser de jouer au cobaye.

Ils ont refusé de se soumettre.

D’abdiquer.

D’obéir aux ordres donnés par les « Fils De Pfizer ».

 

Regardez le traitement que j’ai subi.

En tant que pharmacien des hôpitaux, praticien hospitalier, juriste en droit de la santé.

Mais, aussi pratiquant de football, de karaté shotokan, de course à pied, de natation, etc.

Fréquentant des conservatoires de musique.

Pêcheur et voyageur également.

 

Moi l’immigré africain devenu pleinement français.

Qui s’est fondu dans la masse.

Qui est censé donner et représenter un exemple de réussite que la France permet à tout citoyen qui respecte ses lois.

 

Je me suis tellement « intégré » qu’ils m’ont « désintégré ».

 

Je suis révoqué depuis le 4 février 2023. Sans préavis.

À la rue. Sans travail. Sans ressources.

En dépit de 15 années d’études en pharmacie.

De trois concours nationaux.

De 26 ans de travaux et de services rendus.

De 5 années d’études en droit, de la santé notamment.

 

Je n’ai même pas pu récupérer mes affaires personnelles restées dans mon bureau à l’hôpital : mes livres que j’ai achetés de ma poche, etc.

 

Viré sur le fondement d’un prétendu manquement au devoir de réserve ; alors que je ne suis pas fonctionnaire.

Au visa du code de déontologie des médecins ; alors que je suis pharmacien.

Par une autorité administrative incompétente appelée le CNG : centre national de gestion ; placé sous l’autorité du ministre de la santé.

Un CNG qui n’est pas compétent pour se prononcer sur un éventuel manquement au code de déontologie des pharmaciens.

Code qui n’inclut aucun devoir de réserve. Bien au contraire, il soumet le pharmacien à un devoir d’information et d’alerte.

Un pharmacien à qui la loi garantit une indépendance professionnelle.

À qui la loi a confié la protection du public.

Et qui travaille au service de ses seuls concitoyens.

 

Jeté à la rue par une directrice par intérim du CNG.

 

CNG qui atteste que mes compétences sont unanimement reconnues, et qu’elles ne sont pas remises en cause.

Et que toutes mes alertes sont fondées.

 

Marginalisé pour avoir usé de « l’esprit Charlie ».

De ces libertés fondamentales de pensée et d’expression accordées aux « blancs » et à leurs vassaux les « bronzés » lorsqu’il s’agit de cibler lesdits « arabes », « noirs », « musulmans ».

 

Un CNG qui, en 2023, écrit au juge que je suis nommé à titre probatoire (en période d’essai) depuis 2004 ; alors que je suis nommé à titre permanent (titulaire) depuis 2005 par le ministre de la santé.

 

Révoqué donc du centre hospitalier de Cholet dans lequel j’exerce depuis plus de 20 ans.

 

Banni de tout le système hospitalier, en réalité.

Marqué au fer rouge.

 

Et les juges en costard du tribunal administratif contemplent ce que mon avocat « blanc » qualifie de « peine de mort professionnelle ».

Ils constatent l’urgence de ma situation.

Mais, ils ont jugé que les soutiens, que de nombreux français de toute origine me témoignent – dont des professionnels de santé – représentent un risque de trouble au fonctionnement du service public hospitalier.

Des émeutiers, eux aussi donc.

Émeutiers en blouse blanche. Et en robes noires.

Les juges ont refusé de juger en urgence.

Je dois donc attendre qu’ils jugent sur le fond.

Dans un délai inconnu.

D’ici quelques mois ou années.

Le temps de cuir, à petit feu.

De bronzer, encore.

De cramer, davantage.

 

Un tribunal administratif par ailleurs saccagé, non pas par des « bronzés » des banlieues, mais par des français « blancs » lors des manifestations contre la réforme des retraites.

 

Et la direction de cet hôpital de Cholet ose attester auprès de pôle emploi que je suis un :

 

« Ressortissant hors UE et EEE » !

 

Alors que je suis pleinement français.

 

Et que je n’ai jamais été étranger lors de mon arrivée dans cet hôpital en 2002.

 

Français.

Mais éternel étranger qui viendrait gonfler les chiffres du chômage.

Malgré mon « bac + 20 ».

 

En somme, si tu es « bronzé »,

Si tu deales, tu tombes.

Et si tu réussis, si tu sors du lot, tu tombes aussi.

 

Toi, tu brûles les écoles, les pharmacies, les hôpitaux, les commissariats.

Moi, on a cramé mes très nombreux diplômes.

On a fait de moi un pharmacien sans pharmacie et sans hôpital.

Et les juges laissent faire.

 

Mais,

 

À toutes ces « gueules de métèques » des banlieues, je dis :

 

Aucun renoncement n’est permis.

Comme sur un terrain de football, ou un tatami.

Vous tombez. Et vous vous relevez.

Vous agissez, en respectant les règles, et jusqu’au sifflet final.

Faites de vos échecs une leçon. Une réussite.

 

Alors,

 

Armez vos mains de plumes.

Et vos plumes de connaissances.

Plutôt que vos poches de pierres, ou d’allumettes.

Et encore moins, vos fusils de balles.

 

Et même si cette violence structurelle, c’est-à-dire ladite « racaille d’en haut en col blanc » qui vous percute et fait souffrir, ne semble entendre que la lumière du feu et l’odeur de la poudre.

Plutôt que l’encre de la plume.

 

La plume finit toujours par gagner.

 

 

Prenez soin de vos maisons, écoles et complexes multisports.

Et vous atteindrez ainsi votre pleine dimension, et juste épanouissement.

Grâce à la richesse de vos talents.

Talents qui feront oublier aux autres vos origines et la couleur de votre peau.

 

 

Pour l’apaisement.

Pour la paix.

 

 

Non au schisme français.

 

 

 

 

Amine UMLIL

Citoyen français