samedi 27 décembre 2014

Le Médicament en pharmacie, les bonbons en grande surface. Et la vaccination par le pharmacien ?


Rappelons d’abord qu’il ne faut pas arrêter un traitement médicamenteux sans un avis médical préalable. On parle de « risque ». Il n’est pas certain que ce risque se produise.

Le paracétamol (DAFALGAN®, DOLIPRANE®, EFFERALGAN®, etc.) est l’un des médicaments les plus consommés au monde. C’est l’un des médicaments les mieux évalués. C’est un médicament qui est souvent banalisé, à tort

En France, le paracétamol est en vente libre dans les pharmacies. Sa dispensation – notamment sa délivrance – pharmaceutique ne requiert pas systématiquement une prescription médicale. Il est évoqué comme un exemple de « produits » pouvant justifier l’ouverture – la cassure – du monopole pharmaceutique.

Mais, des revirements réglementaires dans des pays européens viennent rappeler les risques inhérents à cette banalisation : des effets indésirables notamment hépatiques – du foie – peuvent conduire à des transplantations du foie. En 2009, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a rappelé que les surdoses du paracétamol représentaient la « première cause d’insuffisance hépatique aiguë ». L’overdose au paracétamol peut conduire au décès dans 80% des cas.

En Suède, suite à la libération de la distribution pharmaceutique et la sortie du monopole de 615 médicaments, l’augmentation du nombre d’empoisonnements contraint l’Agence suédoise des produits médicaux à plaider pour le retour de la forme comprimé du paracétamol dans le monopole pharmaceutique à partir de mars 2015 « afin de protéger la santé publique ». Parmi les raisons justifiant cette décision, on note une augmentation :

-     du nombre d’appels annuels reçus par le Centre d’information sur les poisons : de 2500 (en 2006) à environ 4400 (en 2013) ;

-     du nombre de patients hospitalisés pour empoisonnement au paracétamol : de 529 (en 2006) à 1161 (en 2013) ;

-     des ventes de paracétamol : de 60% dans les 5670 supermarchés, stations services… alors que cette augmentation n’est que de 7% dans les officines (les pharmacies de ville).

Tout médicament appelle à être appréhendé sous ses deux facettes inséparables : le bénéfice et le risque.

Un médicament n’est pas un produit de consommation comme les autres. Son maintien dans un environnement spécifique (médical) – et séparé des autres produits de consommation courante facilement accessibles – me semble justifié.

Quant à la vaccination par le pharmacien, mes interrogations sont aujourd’hui en suspens. Je ne suis pas convaincu de l’efficience (qualité, sécurité, coût) de cette mesure.

Avant de confier au pharmacien des tâches supplémentaires qui ne relèveraient pas de sa formation, avant de disperser les moyens disponibles, a-t-on soulevé au moins cette question : le pharmacien est-il aujourd’hui en mesure d’assurer pleinement son métier premier ?

Pourquoi ces glissements de tâches ?






vendredi 12 décembre 2014

Le Médicament : des autorités de santé nationales désavouées par le Conseil d'Etat ?


En préambule, rappelons qu’il ne faut jamais arrêter un traitement médicamenteux sans un avis médical préalable. On parle de « risque ». Il n’est pas certain que ce risque se produise.

Mes écritures antérieures mettent en évidence la responsabilité collective dans la gestion du médicament. Evitons de désigner les laboratoires pharmaceutiques comme les seuls responsables de la situation.

En France, dans le domaine du circuit du médicament, les repères semblent se perdre.

L’inertie des autorités sanitaires est souvent publiquement critiquée. Dans ce cas, le « bruit » se manifeste, grandement.

Mais, l’action de ces mêmes autorités est parfois, elle aussi, empêchée. Dans cet autre cas, le silence serait de rigueur.

Années 2010, 2012 et 2013 : Des décisions de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) remises en cause par le Conseil d’Etat (CE)

En France, la plus haute juridiction administrative - le Conseil d’Etat (CE) - est venue contredire des décisions de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

En 2012 et en 2013, le CE a suspendu les décisions de l’ANSM qui avaient prononcé la radiation de plusieurs médicaments de la liste des spécialités remboursables.

En 2010, le CE a annulé une décision de l’ANSM qui avait suspendu l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament.

Actuellement en 2014 : Des décisions de l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie (UNCAM) devant le Conseil d’Etat (CE)

L’union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM) a souhaité imposer, dès le 1er novembre 2014, un accord préalable à toute initiation de prescription de certains médicaments.

La prise en charge de ces médicaments ciblés est subordonnée à cet accord préalable du service de contrôle médical des caisses.

Mais, au moins deux laboratoires pharmaceutiques ont introduit des recours, en urgence et au fond, auprès du Conseil d’Etat.

Dans le cadre de la procédure d’urgence (référé), la haute juridiction administrative a rejeté les demandes de ces deux laboratoires qui réclamaient la suspension en urgence de la décision de l’UNCAM.

Le Conseil d’Etat n’a pas encore statué sur le fond (demande d’annulation pour excès de pouvoir).

Les décisions de l’UNCAM seront-elles annulées par cette haute juridiction ?

La réponse sera donnée probablement dans quelques mois.






dimanche 9 novembre 2014

Une audience au Conseil d'Etat : le constat d'une journaliste










Ouest-France, le 11 octobre 2014


Autres lectures (non exhaustives) :

Livre « L’ETAT-VOYOU » : La France, un « ETAT-VOYOU » ? (Cliquer ici)







samedi 1 novembre 2014

Livre "L'ETAT-VOYOU" : La France, un "ETAT-VOYOU" ?


Un récent livre, intitulé « L’ETAT-VOYOU », vient d’être publié chez Albin Michel. (Cliquer ici)

Mais, ce titre ne confondrait-il pas la notion d’« Etat » avec celle de « l’Homme d’Etat » ?
 

 
 

La France serait-elle un « ETAT-VOYOU » ?

En affirmant « L’Etat, c’est moi », Louis XIV soulève la question relative à la nature de l’Etat.

Sauf erreur de ma part, l’Etat est une « personne morale » décrite comme un être fictif. L’Etat est une entité. Et Le Petit Larousse définit une entité comme étant « une réalité abstraite qui n’est conçue que par l’esprit ».

Le droit serait la robe de l’Etat. Droit et Etat se confondraient pour former deux facettes inséparables qui rappellent étrangement celles d’une pièce de monnaie.

Souverain, le droit délimite les droits des sujets de droit (vous et moi). Ces derniers regroupent les Hommes (femme et homme) qui cohabitent sur un territoire donné. Celui-ci se compose du sol, des eaux maritimes et de l’espace aérien. Ces déterminants s’organisent pour créer une institution : l’Etat.

C’est par l’action que cette réalité abstraite devient visible ; palpable. C’est la volonté qui fait transiter l’Etat d’une dimension abstraite à celle du réel. C’est la mise en œuvre qui sort l’entité de son isolement et atténue son caractère abstrait.

De la volonté des individus, le droit fait naître des institutions en leur conférant une capacité juridique en vue de poursuivre le but déterminé par ladite volonté générale. Ce constat renvoie à la notion de « personne morale », plutôt que physique, de l’Etat.

L’action de l’Etat, corollaire de sa pensée, se matérialise par la règle de droit. Une règle obligatoire, générale et permanente qui s’impose, via la sujétion, aux sujets de droit. L’Etat veille, de façon exclusive, au respect de cette norme. Son caractère coercitif peut faire appel, le cas échéant, à la contrainte. A la force irrésistible. On perçoit sa puissance. Son but premier vise à assurer l’ordre et la paix sociale. La morale et le bien commun de la société semblent être relayés à une position secondaire. La stabilité et la sécurité juridiques l’emportent souvent sur les désirs de progrès moral et matériel, et sur la justice. « Mieux vaut une injustice qu’un désordre » disait Goethe.

D’où vient donc ce qualificatif de « personne morale » que l’on attribue à l’Etat ? De ce qualificatif, on déduit plutôt le binôme accordé à une personne physique : droits et obligations. Cette entité rappelle d’autres institutions de droit privé voire public, elles aussi, dotées d’une capacité juridique d’agir, de contracter, d’ester en justice… Mais, l’Etat n’est pas une personne comme les autres dans la mesure où il a été armé du pouvoir politique. « L’Etat, c’est le pouvoir institutionnalisé » comme disait Georges Burdeau. L’Etat n’est pas non plus un sujet de droit comme les autres. Il est soumis à un régime dérogatoire au droit commun qui se manifeste par des prérogatives exorbitantes du droit commun.

« L’Etat est honnête homme » dit-on. L’Etat s’affranchit de tout lien qui ferait de lui un subordonné ou qui tenterait de le concurrencer. Sur ses Hommes, dans son territoire, il décide de son organisation. Il est le maître des lieux. Le souverain est doté d’un pouvoir originaire et suprême. Et par conséquent, il dispose de « la compétence de sa compétence » et du pouvoir de distribuer ses compétences. Mais, selon Jellinek, la « souveraineté n’appartient pas aux catégories absolues, mais aux catégories historiques ».

Si le droit prétend fonder l’Etat, il y a lieu de s’interroger par conséquent sur les fondements du droit ; et sur l’individu qui véhicule le droit. Cette question convoque la validité de la règle de droit. Donc sa légitimité. La graduation de la règle appelle une confrontation avec l’échelle des valeurs.

Certains crimes, qui ont heurté la conscience universelle, n’auraient-ils pas été commis au nom du droit positif ? A cette interrogation, l’évidence voudrait que l’on ajoute une précision : commis… par la main de l’Homme.

Traiter de la question de l’Etat, de l’Institution, ne devrait pas occulter les individus qui animent son organisation. L’Etat ne se confond avec aucun de ses éléments constitutifs. Mais, force est de constater que c’est l’individu qui actionne le droit.

Or, de façon délibérée ou inconsciente, l’Homme ne peut se défaire de ses « propres » valeurs et convictions, de « sa » morale, de « son » éthique…

La faille serait dans l’interface qui sépare l’Homme de l’institution. La déformation s’infiltre par l’interprétation de la règle de droit. Le hiatus jaillit dans la mise en œuvre effective de la norme. Au pays des normes, la nature humaine ne peut assurer, de façon constante, les effets prévus par les buts poursuivis par la règle de droit. Même le juge pourrait s’ériger en censeur du droit. C’est lui qui constate les faits. C’est encore lui qui interprète le droit.

Par une attitude plus ou moins habile, l’Homme pourrait appliquer la règle, voulue par l’Etat – entité abstraite –, en se fondant sur l’esprit plutôt que sur la lettre. La robe tombe alors. L’Etat redevient invisible. Il s’efface. Il est mis en péril.

L’Homme ne saurait être confondu avec la fonction. Le détenteur de l’autorité n’est pas l’institution. L’Etat n’est donc pas seulement une entité juridique. Il est confronté à une réalité politique, sociale, humaine…

Enfin, l’Homme n’a pas attendu le droit pour constituer des regroupements autonomes : famille, tribu… Ces petites formations ont fondé plus tard une entité supérieure et générale : peuple, nation. Un corps uni par le ciment social et par une volonté de vivre ensemble qui supplante l’obstacle de l’origine et de la provenance. Le passé commun représente la fondation de la construction ; l’apparente différence du présent, elle, constitue ses étages du futur. Offrant ainsi une hauteur de vue sur les autres paysages…

 

 
Autres lectures (non exhaustives) :


Rapport ministériel sur l’ARS… : une logique « mortifère », un système « destructeur »… (Cliquer ici)
 
 
 
 
 
 
 

vendredi 3 octobre 2014

Rapport ministériel sur l'ARS... : une logique "mortifère", un système "destructeur"...


Un récent rapport du Ministère, établi par des inspecteurs santé sécurité au travail, relate la situation dans les agences régionales de santé (ARS) notamment. (Cliquer ici)

L'ARS prétend gérer les hôpitaux publics.

Les mécanismes, décrits dans ce rapport, rappellent ceux observés dans un hôpital public.

Ce document vient confirmer davantage le bien-fondé de mes écritures et alertes antérieures. Un désaveu de la direction générale de l'ARS.


Lisons quelques extraits de ce rapport :

« …

Une perte de performance qui est dommageable à la santé publique, donc à la population.

Le poids des interventions extérieurs. L’indépendance mise en question. En ARS : il est arrivé, même si ce n’est pas une situation quotidienne, que la hiérarchie demande à un médecin inspecteur de modifier la rédaction d’un rapport, voire qu’elle apporte elle-même la modification si le médecin n’obtempérait pas. Nous dénonçons les conflits de mission qui ont cours dans les ARS conduisant parfois la hiérarchie à faire pression sur les inspecteurspharmaciens inspecteurs de santé publique – pour changer le contenu de tel rapport ou avis technique afin qu’il puisse « coller » avec d’autres orientations basées sur d’autres enjeux (risque politique, médiatique…). Les inspections réalisées sont très souvent en conflit avec les intérêts stratégiques de la Direction. Les ARS ne résistent pas à la pression politique. Les conflits d’intérêt nés de recrutements trop locaux sont aussi un facteur problématique.

Un fort mal-être au travail… comportements méprisants, déni de la qualité, atteinte dégradante, agressions verbales, peur au travail, conflits de valeurs, difficultés liées au pilotage et à la conduite d’équipes… Ce déni a provoqué une forte aggravation de la souffrance

Suicides, tentatives de suicides...

Exercice d’un droit de retrait

Des drames se sont produits au cours de ces dernières années, suicides ou décès survenus sur le lieu de travail

Les suicides de deux inspecteurs du travail en 2011 et 2012 ont été reconnus comme accidents de service.

« Vous exprimez tous une souffrance, un sentiment de perte de sens et de repères »…

« Enquête sur le vécu au travail des pharmaciens inspecteurs de santé publique affectés dans les ARS »…

Quel mépris de ce que nous sommes… Une absence de considération… La désinvolture de la hiérarchie, le mépris du petit personnel… L’asymétrie de l’information fait des ravages (la direction prend les agents pour des abrutis dans la mesure où elle ne leur communique pas les informations stratégiques, utiles à leur travail)…

En ARS : …on a évoqué une véritable maltraitance institutionnelle

Indifférence de la hiérarchie…

Humiliations par rapport aux compétences, non reconnaissance de l’expertise antérieure… Infantilisation et non-respect de l’individu par la hiérarchie très supérieure… Les agents se sentent considérés comme des pions et des idiotsNon exploitation des compétences des agents. Pas de prise en compte des savoir-faire des agents auxquels on impose des méthodes de travail… qu’ils jugent inadaptés, inefficaces…

En ARS : Des agents ont été promus selon le bon vouloir des nouvelles directions, sans tenir compte des règles élémentaires de toute administration. D’autres ont été rétrogradés de façon humiliante et sans explication. Utilisation peu pertinente des ressources médicales… Les affectations se sont faites de manière cavalière… (Rapport de l’inspection générale des affaires sociales –IGAS – sur la gestion des ressources humaines dans les ARS)…

La culpabilisation… On nous fixe des objectifs totalement déconnectés des réalités sociales et du terrain… On se sent lâché, avec le sentiment que le seul appui de la hiérarchie consiste à nous appuyer la tête sous l’eau

Climat de méfiance… En ARS… Le dialogue social a été réduit à sa plus simple expression… A coups de mots d’ordre « vous êtes maintenant en ARS et les pratiques doivent changer »

Les attitudes et décisions néfastes des équipes dirigeantes des ARS… Pratiques managériales destructrices, signalées par les organisations syndicales, les CHSCT des ARS et même certains préfets, sans que le ministère, le SG, la DRH, le CNP, ne s’en émeuvent le moins du monde. Les professionnels sont surtout exaspérés par la façon dont ils sont infantilisés et maltraités, et par l’incompétence managériale qu’ils constatent sur les questions majeures de santé publique.

Perte de sens du travail, travail « empêché »… La primauté donnée aux remontées statistiques… Il arrivera un moment où nous ne pourrons plus travailler, où nous ne pourrons plus rendre aux usagers le service qu’ils sont en droit d’attendre…

Alors que les ARS ont été créées pour permettre une meilleure transversalité dans l’approche des questions de santé en France, elles sont elles-mêmes extrêmement cloisonnées à l’intérieur ! Leur organisation interne est contradictoire avec l’objectif politique de transversalité.

A coup de « les DDASS-DRASS c’est fini ! »Vous n’avez plus le droit de parler aux préfets ni de contacter les ingénieurs de la direction générale de la santé

En ARS : On m’a interdit d’aider les médecins à faire leur secrétariat. Comme il n’y a pas de secrétaire, les médecins sont obligés de faire eux-mêmes et c’est du temps pris sur leur travail d’expertise

De plus en plus de niveaux hiérarchiques. Une chaîne hiérarchique longue comme un jour sans pain. Absence de lisibilité de la ligne hiérarchique... De plus en plus de procédures disciplinaires et de « chefaillons »

L’absence d’arbitrage. Beaucoup plus de hiérarchie mais on ne sait plus qui peut dire non au préfet… L’absence d’intervention est analysée comme un laisser-aller, une inertie, qui peut mener au « pourrissement de la situation ». Manque de courage de la direction, non prise de responsabilité… Ordres et contre-ordres…

Une hiérarchie toujours absente car prise d’une folie de réunionnite qui l’empêche de voir, d’écouter… Une hiérarchie qui se place bien souvent, trop souvent, sur le terrain disciplinaire au détriment d’un encadrement tel qu’il existait auparavant… Notre hiérarchie expose, impose, vérifie, soupçonne, sermonne, menace, sanctionne… mais n’écoute pas, ou si peu…

Avant, on avait une hiérarchie de sachants, des directeurs adjoints spécialisés sur certains points ; elle venait en appui… ce rôle n’est pas exercé pour l’instant…

Les réunions rendues systématiquement obligatoires ne servent qu’à transmettre des injonctions et ne laisse aucune place pour l’échange.

Manque d’appui technique surtout de la part de managers ayant des compétences administratives mais n’ayant pas la formation technique adaptée aux missions qu’ils encadrent.

Ordres et contre-ordresCritères opaquesInjonctions paradoxalesArbitraire des décisions… Modification des postes de travail : on transfère des tâches d’un agent à un autre du jour au lendemain, sans formation et sans concertation. Sentiment de subir des décisions sans échange et transparence. Entre les effectifs qui diminuent mais pas le travail, les renforcements à « l’aveuglette » de certains services et comme par hasard pas ceux qui ont cruellement besoin d’aide, les directives insensées où il ne s’agit que de faire du vent. Les changements d’affectation unilatéralement imposés par les directions sans que le personnel concerné n’ait de réelle possibilité de choix…

La hiérarchie intermédiaire aussi et sous pression. Pas forcément mieux que nous. Des cadres indiquent que leur mission « relève d’un sacerdoce, voire d’une galère ». « Si j’avais su je n’aurais jamais accepté ce poste »… L’encadrement intermédiaire est absorbé « par le haut » et par des injonctions externes

Diviser pour mieux régner, mot d’ordre de la direction.

Les quatre directeurs se font la guerre, ils sont en compétition permanente : c’est à celui qui rendra ce qu’on nous demande le plus tôt. Ils ne pensent qu’à leur carrière, à monter en grade, et oublient l’objectif de leur poste, ce pourquoi ils ont été recrutés

On passe plus de temps à saisir ce que l’on fait plutôt que d’être sur le terrain. Dès le départ, ce logiciel n’a pas été adapté aux réalités de service… Manque d’anticipation pour lequel les agents n’ont pas été formés et dont l’organisation n’a pas été pensée préalablement à sa mise en place. Trop de demandes de statistiques qui au final ne sont pas exploités.

C’est le triomphe de la technocratie. Tout le monde fait des tableaux, et personne ne sait à quoi ça sert.

Avec les ARS s’est également amplifiée l’obsession du « reporting », chronophage et pas nécessairement adapté à des sujets peu traduisibles en chiffres. La grande souffrance professionnelle des personnels qui suffoquent sous les procédures, les outils informatiques dysfonctionnels

Du « chiffre », toujours du « chiffre »…

Développement de la précarité particulièrement en ARS… Le sentiment d’abandon par les institutions d’origine est prégnant parmi les personnels…

En ARS : une gestion… autocratique… Concernant les promotions : des propositions prioritaires d’agents non éligibles, modification sans explication des classements d’une année à l’autre, propositions à peine soutenues par les appréciations. Des postes vacants ne sont pas déclarés et des postes déclarés ne sont pas vacants

Une mise à l’écart d’Inspecteurs des affaires sanitaires et sociales, IASS (postes vacants non pourvus et aussi postes réservés désormais à d’autres) ou au profit de contractuels recrutés sur la base de profils « spécialisés » et surtout plus malléables que les IASS mais qui n’ont aucune culture sanitaire et médico-sociale. On voit ainsi des carrières fulgurantes : des jeunes contractuels sans aucune expérience d’encadrement promus chefs de pôle, des sous-directeurs ou directeurs délégués issus de cabinets de consultants qui ne connaissent rien des règles…, pendant que les IASS sont jugés juste bons à gérer les dossiers du quotidien car il faut bien que quelqu’un fasse, malgré tout, le travail de fond…

Isolement des agents, repli sur soil’individualisme (sauvegarder sa place, ses conditions de travail au mépris de celles des autres) à l’origine de conflits entre collègues dont la résolution n’est pas le souci de la direction

La stabilité des équipes n’est pas encore acquise, induisant un sentiment de discontinuité, facteur d’insécurité.

Lenteur des réponses face à la souffrance au travail. Le système est en proie à une quasi inertie : …soit une absence de réponse devant des situations de malaise même graves, soit l’existence de « début de réponse » mais partielle, donc inefficace, ou trop tardive, la situation s’étant dégradée et conduisant parfois au pire.

Ces alertes incessantes n’ont eu aucun effet, et nous le regrettons très amèrement.

Un mode de gestion des crises qui mise avant tout sur le silence et la durée, censés régler les situations difficiles grâce à l’usure du temps ?

Une perte d’identité professionnelle des agents aboutissant à une profonde résignation.

Avec d’évidents impacts économiques négatifs.

Des obstacles significatifs à l’atteinte de l’efficience existent à tous les niveaux mobilisant une énergie considérable consacrée à « faire fonctionner » à grand peine les services…

C’est le « silence » et « l’inertie » qui priment.

Harcèlement moral…

La Mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale (Mecss) dans son récent rapport d’information – n°400 (2013-2014) « Les agences régionales de santé : une innovation majeure, un déficit de confiance » indique qu’il faut « résoudre le lien social à l’intérieur des ARS », « démocratiser la gouvernance et accroître la transparence »

L’appréciation portée sur les actions de l’agence dépend de manière sensible de la personnalité de son directeur général. Pour s’extraire de cette logique, un meilleur équilibre des pouvoirs doit être recherché, tant dans la gestion interne que dans la composition et le rôle du conseil de surveillance.

Une claire priorité doit donc être accordée par les autorités de tutelle à l’amélioration du climat social dans les agences

Ces mots donnent corps à des inquiétudes et attentes, ils donnent des éléments de compréhension, et par leur nombre, leur diversité, leur tonalité directe, ils imposent aux pouvoirs publics d’en tenir compte pleinement sans se limiter à des approches synthétiques qui édulcorent les propos…

… »

Quant à notre hôpital public… En tout cas, on pourrait désormais tenter de mieux comprendre l'absence de réaction face aux nombreuses alertes transmises, et malgré les preuves écrites les mieux établies.






 

mardi 19 août 2014

Liberté de la femme et Egalité femme-homme : mes questions à Madame Nadine MORANO


Madame Nadine MORANO,

Femme politique,

 

Si l’on croit certains articles de presse parus depuis hier, lundi 18 août 2014, alors que nous sommes en pleine période de vacances estivales,

La seule présence d’une « femme voilée » sur une « plage française » vous aurait « indignée » et « offusquée ». Vous auriez estimé que cette présence serait « une atteinte à notre culture française ».

Le vin ferait partie de la tradition française. Mais, serait-on un mauvais français par le simple fait que l’on ne souhaite pas boire de l’alcool ? Eu égard tout simplement et notamment aux problèmes de santé publique et aux accidents de la route que ce produit pourrait générer ; et en l’absence de toute considération religieuse.

Vous vous seriez donc sentie investie de la défense de la « liberté des femmes » et de « l’égalité entre les hommes et les femmes ».

Mais, la « liberté de la femme » se résumerait-elle, selon vous, à une « chatte » qui prend l’air sous le soleil ?

Au « bled », certains hommes pourraient vous expliquer qu’il fait frais sous leur djellaba qu’ils portent, de la tête au pied, sous un soleil de plomb. La djellaba est leur « parasol ».

Que pensez-vous de ces autres faits qui, eux aussi, se dérouleraient en France :

-    Ces femmes qui, à travail égal, sont moins bien payées que les hommes ?

-    Ces femmes politiques qui se font huer et siffler par leurs collègues masculins lorsqu’elles portent une jupe, et notamment à l’assemblée nationale ?

-    Ces femmes dont le mari collectionne les maîtresses ? Et en cachette ? Ne serions-nous pas dans ce qu’on pourrait qualifier de « polygamie non-assumée » ?

-    Ces corps de femmes nus utilisés à des fins publicitaires ?

-    Ces multiples moyens de contraception qui ne sont destinés qu’à la femme ? Comme ces médicaments (pilules) susceptibles d’induire des effets indésirables...

-    Combien de femmes sont-elles au pouvoir ? Il suffit de compter leur nombre parmi l’encadrement actuel de votre parti politique, notamment…

Je pourrais vous lister d’autres réalités qui viendraient démontrer que ladite « égalité entre les hommes et les femmes », que certains tentent de façon opportuniste d’afficher en théorie et de manière sélective, ne serait qu’illusion et tromperie en pratique.

Une liberté d’apparence ; une égalité virtuelle ?

Concernant cette « femme voilée sur la plage », vous auriez décrit la situation ainsi : « L’homme se mit en maillot de bain exhibant un corps bien fait, pendant que la dame s’asseyait toute habillée, bien sagement sur le sable (…). ».

N’auriez-vous pas d’autres activités à faire ou à partager sur une plage ? Plutôt que de mater cet « homme » et de prendre en photo cette « dame ».

Auriez-vous interrogé ce couple avant de déduire : « Lui, a donc le droit de se déshabiller, de se baigner, elle non ! ».

Cette femme et cet homme seraient-ils vraiment en couple ?

Connaissez-vous la volonté de cette « femme voilée » ? Sa peau supporte-t-elle le soleil ? Avait-elle envie de se baigner ? Avait-elle ses règles ? Etc.

Auriez-vous enquêté sur ce couple avant de lui attribuer une origine « extra-française » ? Par cette autre affirmation que vous auriez tenue : « Lorsqu’on choisit de venir en France, Etat de droit, laïc, on se doit de respecter notre culture et la liberté des femmes. Sinon, on va ailleurs !! ».

Ils sont, peut-être, né(e)s en France. Et même diplômé(e)s des universités et/ou des grandes écoles

De même, quelle loi de la République Française ce couple n’aurait-il pas respectée ?

Votre réaction serait-elle basée sur des preuves ? Ou s’agirait-il d’un réflexe conditionné ?

Je serais d’ailleurs curieux de connaître votre analyse d’une situation montrant une femme aux seins nus avec une ficelle dans le cul.

Vous auriez conclu que « la France est un Etat laïc : il convient de l’aimer, de respecter sa culture et le droit des femmes, l’égalité entre les hommes et les femmes ou il convient d’aller vivre ailleurs ! ».

Ne pourriez-vous pas plutôt consacrer vos efforts et concentrer votre énergie sur, par exemple, la situation actuelle de votre parti politique qui serait pour le moins difficile ?

Un article de Marianne notamment, paru dans le N°904 du 15 au 21 août 2014, vous qualifie ainsi : « Grand retour. La répudiée de Sarkozy ». On y lit notamment que « Nadine Morano a le cœur lourd et la langue bien pendue. Chafouine depuis qu’elle a compris, il y a quelques mois déjà, que Sarkozy miserait davantage sur les petits jeunes en cas de retour… ».

Votre réaction envers cette « femme voilée » serait-elle un des moyens que vous auriez trouvé pour tenter d’exister aux niveaux médiatique et politique ?

Les attaques, dirigées envers le citoyen français à l’apparence arabo-musulmane, commencent à se distinguer par leur chronicité. Et les résultats des sondages à visée politique semblent varier en fonction du baromètre médiatique qui relaye ces attaques.

En attendant une éventuelle réponse de votre part, je vous prie de bien vouloir recevoir, Madame, l’expression de mes salutations distinguées.