mercredi 14 janvier 2015

Réponse à Luc BESSON suite à votre lettre aux musulmans : Un casier judiciaire chargé serait-il mieux qu'un C.V. fourni ?


Cher Monsieur Luc BESSON,

 

Mots clés : Je m’appelle « Amine ». Citoyen Français ; origine Marocaine ; « bac + 10 » ; parcours hospitalo-universitaire français ; Hôpital public ; cassure de ma trajectoire ; mis au placard depuis 10 ans ; censure de mes alertes (sur les médicaments et mes conditions de travail) ; comparé aux jeunes des banlieues ; ma messagerie professionnelle coupée ; réception d’un e-mail qui ressemble à des menaces de mort ; la presse de la haute sphère informée mais muette ; le politique et la justice ont détourné le regard... Mon seul tort : je respecte trop les lois de la République.

 

J’ai lu avec attention votre lettre, adressée aux « musulmans » suite aux récents drames, qui a été publiée le 10 janvier dernier dans le journal Le Monde (Cliquer ici). J’ai donc l’honneur de vous répondre. Bien que j’aie toujours refusé de répondre, et continue de refuser, à cette question souvent posée : « Quelle est ta religion ? » A mon sens, elle relève en effet non seulement du domaine privé mais plus encore : du périmètre intime (Cliquer ici). Je vous envoie donc cette bouteille à la mer. Via le « Grand Bleu ». Car, de ma position de citoyen de bas, je ne suis pas certain que la presse de la haute sphère accepte de publier ces quelques lignes qui vous sont personnellement destinées.

Les faits que je subis depuis de nombreuses années pourraient alimenter le scénario d’un film. A cause de ces faits non exhaustifs ci-dessous cités (rappelés), un esprit fragile aurait pu commettre l’irréparable et l’inconcevable (Suicides, etc.). Aucun argument ne saurait justifier l’inqualifiable. La gestion sérieuse d’un drame, des risques, appelle toutefois à s’interroger sur les causes réelles de tel ou tel phénomène. Pour que le risque soit minimisé voire supprimé. Pour que chacun puisse vivre en paix.

Je ne me sens représenté ni par les religieux de telle ou telle communauté, ni par les Parlementaires (députés et sénateurs), ni par autre personne. J’espère donc pouvoir être auditionné par la commission parlementaire annoncée suite audit drame. Mon éventuelle contribution pourrait s'avérer utile ; c'est l'une des raisons qui m'a poussé à écrire cette lettre ouverte.

Je m’appelle « Amine ». Et, j’ai un « bac + 10 ». Au moins. (Cliquer ici)

Bien que je sois originaire du Maroc, et non des « banlieues », je me suis reconnu dans plusieurs phrases que vous soutenez à juste titre : « …en bossant, en étudiant, en prenant un crayon plutôt qu’une… ». Je m’appelle « Amine ». Et, je suis toujours rayé des plannings. L’hôpital public français préfèrerait prendre soins, d’abord, d’un casier judiciaire chargé ; plutôt que d’un Curriculum vitae (C.V.) bien rempli (plusieurs pages). Je disais donc, j’ai un « bac + 10 ». Au moins. Avec plusieurs diplômes. Et des publications nationales et internationales dans des revues avec comité de lecture. Mon parcours français est hospitalo-universitaire (Angers, Toulouse). Il englobe trois concours nationaux des plus sélectifs.

Vous avez raison Monsieur Luc BESSON : « La démocratie a ça de bien qu’elle t’offre des outils nobles pour te défendre. »

Mais, depuis bientôt dix ans, je ne peux plus exercer mon métier – que j’ai choisi par conviction - au sein de l’hôpital public dans lequel je suis affecté depuis septembre 2002. Après avoir obtenu les diplômes nécessaires et la reconnaissance de mes pairs et de mes Condisciples. Je suis dans un « placard ». Je suis jeté dans les oubliettes, face à un vestiaire du personnel. Depuis, j’attends. Désormais, mon métier s’appelle « Attendre ».

C’est pourtant le Ministre de la santé qui m’a nommé dans cet hôpital à titre permanent (titulaire) depuis 2005. Mes travaux à l’hôpital ont reçu une reconnaissance interne et externe.

Mes détracteurs, de dimension locale, me reprochent mon respect des Lois de la République Française. Ils le font même par écrit. Ils n’ont pas peur. L’impunité leur est garantie d’avance. Selon cette bande, je serais trop rigoureux. Alors que je manipule des médicaments (des poisons potentiels). Dont le mésusage génère près de 18.000 morts par an. (Cliquer ici) et (Cliquer ici) et (Cliquer ici)...

Faute de pouvoir me coller l’étiquette « Intégriste Religieux », ils ont tenté de me désigner comme un « Intégriste de la Réglementation ». J’ai commis le seul tort de refuser d’exécuter des ordres manifestement illégaux et de nature à compromettre gravement l’intérêt public. Et de dénoncer mes conditions de travail, pour le moins, difficiles. En somme, j’ai commis le seul tort de vouloir être et rester pharmacien (praticien hospitalier) ; en étant un citoyen français à l’« apparence » arabo-musulmane.

Vous pouvez constater, par vous-même, en parcourant plusieurs articles de ce blog. Des articles de presse s’accumulent depuis 2007 (Cliquer ici). Ainsi que ceux de la presse sportive (Cliquer ici).

L’autre presse, qui ne cesse de stigmatiser publiquement et de façon chronique l’immigré du Sud à l’apparence arabo-musulmane, est au courant. Elle aussi (Cliquer ici). Mais, elle est restée muette, dans mon cas. Trop gênant. Insupportable de montrer l’ascension, par le travail, d’un immigré « bronzé ». Impensable de révéler les causes de la cassure de sa trajectoire. De sa chute. Dans le même temps, cette même presse alerte sur la montée des partis politiques extrêmes. Mon cas pourrait réduire leur théorie à néant.

Un jeu ambigu au service d’une thèse obscure.

Le politique, du sommet de l’Etat Français jusqu’au niveau local, est informé. Par lettres recommandées avec avis de réception, notamment. Et depuis de longues dates : Monsieur Nicolas SARKOZY, Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN – originaire de la même faculté de pharmacie que moi -, Madame Rachida DATI. Puis, Monsieur François HOLLANDE, Madame Marisol TOURAINE, Madame Christiane TAUBIRA, Monsieur Manuel VALLS. Tout comme Monsieur Gilles BOURDOULEIX, maire, député, et président du conseil de surveillance (ancien conseil d’administration) de l’hôpital. Etc. : les autres. (Cliquer ici)...

La justice, elle, a préféré détourner le regard suite à mes plaintes. Elle a mis le couvercle sur la chose. Mon troisième avocat (sur les six qui se sont succédé depuis 2007) m’a pris mon argent en exigeant un paiement à l’avance (environ 8000 euros). Puis, il m’a abandonné. Il serait tombé sous le charme du front de Marine. Il siègerait maintenant au Parlement. Il ne mériterait pas ses deux « ailes ». Rien que les frais d’avocats avoisinent les 50.000 euros depuis 2007. J’ai fini par assurer, seul, ma défense sans le ministère d’un avocat. (Cliquer ici) et (Cliquer ici) et (Cliquer ici)...

La bande locale a tenté de me faire partir et de me faire sanctionner par le Ministère de la santé, puis par l’ordre national des pharmaciens, puis par la justice. En vain.

Lorsqu'il a raison, et malgré les preuves écrites les mieux établies, indépendantes et règlementaires en tout premier lieu, le citoyen à l’apparence arabo-musulmane ne peut espérer que le « match nul » lorsque son adversaire est composé de citoyens à l’apparence française de « souche ».

Un médecin de l’hôpital, nouveau et non titulaire, compare mon comportement à celui des « jeunes de banlieue issus de la diversité ». Selon ce médecin, que je ne connais pas, je serais comme ces jeunes « culturellement violent verbalement et physiquement »… doté d’une « susceptibilité maladive »… Incapable de « s’intégrer » comme les « asiatiques »(Cliquer ici)

Octobre 2013, un autre médecin de l’hôpital, membre de la direction, m’adresse, publiquement, via la messagerie interne de l’hôpital ceci :

« …, et pour un donneur d’Alerte [sur les médicaments et mes conditions de travail indignes] et si tu comprends l’arabe littéraire, je te conseille de lire « Al Moutanabi », celui qui s’est déclaré prophète et justicier tu verras comment il a fini. » Le jour même, un autre médecin m’appelle pour me rappeler - m’alerter - que ledit « Al Moutanabi » a été tué !

On dirait des menaces de morts. J’ai déposé plainte en octobre 2013. Je suis toujours dans l’attente de la réponse du procureur de la République. Mais, je n'attends plus rien de ce côté. Je ne suis plus un réclusionnaire de l'illusionnisme et du mirage des inscriptions gravées sur les frontons de la République. D'ailleurs, je ne prends plus part à tel ou tel vote ; les raisons de ma décision ont été publiées, en partie, par la presse locale il y a quelques mois.

Récemment, le nouveau directeur de l’hôpital a, toutefois, accepté que je commence des études de droit dans le cadre de la formation médicale continue obligatoire - développement professionnel continu - (ce n’est pas une reconversion professionnelle). Et je viens d’être promu au 9ème échelon. Par arrêté ministériel. Un nouveau et petit espoir.

Aujourd’hui, je reste dans mon coin. On continue de me verser mon salaire de base de praticien hospitalier. Un revenu qui a été cependant amputé de plusieurs autres indemnités légales (par ailleurs versées aux autres praticiens hospitaliers).

« Pas bouger, chien, chien… » ! Vous, Monsieur Luc BESSON, avez dit : « humilié ».

On me traite comme un moins que rien. Un animal a plus de chance que moi. (Cliquer ici)

Je me suis armé de patience. En contemplant mon parcours que je ne peux plus mettre, in situ, au service des patients et de l’intérêt général. Et en armant ma plume de cartouches.

Sans préavis, à trois reprises, ma messagerie professionnelle a été coupée. Me privant ainsi de tout lien avec mes collègues durant de longues périodes. Une prison. Une cellule d’isolement.

Vous, Monsieur Luc BESSON, parlez de « mur ».

Mon premier livre, sorti en mai 2013, s’intitule « Le Spectre de l’Isotèle ». Je n’ai pas trouvé ce terme « Isotèle » dans mon dictionnaire. On devrait pourtant songer à le réintroduire. Il est d’actualité. Il se réfère à une personne qui n’est ni entièrement étranger, ni pleinement citoyen. Ce livre n’a pas été promu par les hauts parleurs du premier cercle (Cliquer ici). Voici un extrait de ce livre :

« Luchar es mi destino (lutter est mon destin)…

Un mur de verre… ce mur est sourd et muet. Je n’ai su lui parler qu’avec mon regard… Ce mur-écran, c’est comme un voyage sur place, dans le temps et dans l’espace, qui devient possible par un simple regard à travers ce mur-frontière. Ce mur-prison. Impuissant…

Je dirais même que sa souffrance me rassure. Elle me donne l’illusion que je suis à l’abri…

Au fond, ai-je vraiment envie d’intervenir pour aider mon ami ? J’ai sans doute peur. Ou peut-être que mon inertie ne serait que l’expression de mon profond désir de repos et de tranquillité. Pourquoi sacrifier un moment tant attendu ? Ou peut-être que mon indifférence ne serait que la traduction de mon aveuglement démissionnaire, que le témoin de ma réceptivité à la manipulation, que le marqueur de mon esprit corrompu ou de mon sadisme latent. L’amitié est souvent une notion galvaudée. Souvent, l’amitié de façade, la fausse amitié, cède à la véritable trahison

Mon ami Amine a l’apparence d’un métèque. Il est de la même espèce que les lions de l’Atlas. Ceux qui n’avaient point hésité à rejoindre De Gaulle en même temps que les aventuriers et les boiteux…

De façon inattendue, je ne sais par quel miracle, je vois Amine se redresser. Je suis surpris tout autant que la bande…

Avec la pointe de sa plume, mon ami tente d’extraire et d’évacuer les nombreuses et diverses lames tranchantes des couteux plantés par-derrière, insidieusement, sournoisement, à plusieurs reprises, par la main invisible. Son bouclier n’est qu’une simple pointe de plume qui, spontanément, … L’encre devient son pansement. Il s’en sert pour colmater les brèches de ses fissures invisibles

Il écrit, donc il existe. Mon ami prend conscience de sa chance. Il a appris à lire et à écrire dans la langue du pays. Il a su embrasser la langue de Marianne. Il a su caresser sa trame. Ce n’est, peut-être, pas le cas de tous ses semblables. Je vois quelques jaloux à la technique de drague rodée mais néanmoins douteuse…

Mon ami se découvre. Il découvre son armure. Il remarque que ses mots deviennent des projectiles. Ses phrases des flèches et des missiles. Son verbe est la seule arme qu’il lui reste. Il n’a guère d’autres choix possible. Alors, de son cachot, il écrit. Il résume, bien que le mur lui reproche souvent de trop écrire. De trop le noircir… »

Adèle m’a écrit une lettre suite à la parution de ce livre (Cliquer ici).

Sans signe de votre part, j’émettrais l’hypothèse que cette lettre ne vous est pas parvenue, à cause d'une éventuelle nouvelle censure.

 

Dans l’attente, en vous remerciant et en restant à votre disposition,

Avec mon profond respect,

Amine UMLIL

 

Copie à la presse et notamment :

-     Le Monde

-     Agence France Presse

-     Envoyé Spécial

-     Le Figaro

-     Le Parisien

-     Le Point

-     Le Nouvel Observateur

-     Libération

-     Ouest-France

-     Courrier de l’Ouest






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