Cher Monsieur Luc BESSON,
Mots clés :
Je m’appelle « Amine ». Citoyen Français ; origine Marocaine ;
« bac + 10 » ; parcours hospitalo-universitaire français ; Hôpital
public ; cassure de ma trajectoire ; mis au placard depuis 10 ans ;
censure de mes alertes (sur les médicaments et mes conditions de travail) ;
comparé aux jeunes des banlieues ; ma messagerie professionnelle coupée ;
réception d’un e-mail qui ressemble à des menaces de mort ; la presse de
la haute sphère informée mais muette ; le politique et la justice ont
détourné le regard... Mon seul tort : je respecte trop les lois de la
République.
J’ai
lu avec attention votre lettre, adressée aux « musulmans »
suite aux récents drames, qui a été publiée le 10 janvier dernier dans le
journal Le Monde (Cliquer ici). J’ai donc l’honneur
de vous répondre. Bien que j’aie toujours refusé de répondre, et continue de refuser, à cette question
souvent posée : « Quelle est ta
religion ? » A mon sens, elle relève en effet non seulement du
domaine privé mais plus encore : du périmètre intime (Cliquer ici). Je vous envoie donc
cette bouteille à la mer. Via le « Grand Bleu ». Car, de ma position
de citoyen de bas, je ne suis pas certain que la presse de la haute sphère
accepte de publier ces quelques lignes qui vous sont personnellement destinées.
Les
faits que je subis depuis de nombreuses années pourraient alimenter le scénario
d’un film. A cause de ces faits non exhaustifs ci-dessous cités (rappelés), un
esprit fragile aurait pu commettre l’irréparable et l’inconcevable (Suicides,
etc.). Aucun argument ne saurait justifier l’inqualifiable. La gestion sérieuse d’un
drame, des risques, appelle toutefois à s’interroger sur les causes réelles de
tel ou tel phénomène. Pour que le risque soit minimisé voire supprimé. Pour que
chacun puisse vivre en paix.
Je ne me sens représenté
ni par les religieux de telle ou telle communauté, ni par les Parlementaires
(députés et sénateurs), ni par autre personne. J’espère donc pouvoir être auditionné par la commission
parlementaire annoncée suite audit drame. Mon éventuelle contribution pourrait s'avérer utile ; c'est l'une des raisons qui m'a poussé à écrire cette lettre ouverte.
Je
m’appelle « Amine ». Et, j’ai un « bac + 10 ». Au moins. (Cliquer ici)
Bien
que je sois originaire du Maroc, et
non des « banlieues », je
me suis reconnu dans plusieurs phrases que vous soutenez à juste titre : « …en
bossant, en étudiant, en prenant un crayon plutôt qu’une… ». Je
m’appelle « Amine ». Et, je suis toujours rayé des plannings.
L’hôpital public français préfèrerait prendre soins, d’abord, d’un casier
judiciaire chargé ; plutôt que d’un Curriculum
vitae (C.V.) bien rempli (plusieurs pages). Je disais donc, j’ai un
« bac + 10 ». Au moins. Avec plusieurs diplômes. Et des publications
nationales et internationales dans des revues avec comité de lecture. Mon
parcours français est hospitalo-universitaire (Angers, Toulouse). Il englobe trois
concours nationaux des plus sélectifs.
Vous
avez raison Monsieur Luc BESSON : « La démocratie a ça de bien qu’elle
t’offre des outils nobles pour te défendre. »
Mais, depuis
bientôt dix ans, je ne peux
plus exercer mon métier – que j’ai choisi par conviction - au sein de l’hôpital
public dans lequel je suis affecté depuis septembre 2002. Après avoir obtenu
les diplômes nécessaires et la reconnaissance de mes pairs et de mes Condisciples. Je suis dans un
« placard ». Je suis jeté dans les oubliettes, face à un vestiaire du
personnel. Depuis, j’attends. Désormais,
mon métier s’appelle « Attendre ».
C’est
pourtant le Ministre de la santé qui m’a nommé dans cet hôpital à titre
permanent (titulaire) depuis 2005. Mes travaux à l’hôpital ont reçu une reconnaissance
interne et externe.
Mes
détracteurs, de dimension locale, me
reprochent mon respect des Lois de la République Française. Ils le font
même par écrit. Ils n’ont pas peur. L’impunité leur est garantie d’avance. Selon
cette bande, je serais trop rigoureux. Alors que je manipule des médicaments
(des poisons potentiels). Dont le mésusage génère près de 18.000 morts par an. (Cliquer ici) et (Cliquer ici) et (Cliquer ici)...
Faute
de pouvoir me coller l’étiquette « Intégriste
Religieux », ils ont tenté de me désigner comme un « Intégriste
de la Réglementation ». J’ai commis le seul tort de refuser d’exécuter des ordres
manifestement illégaux et de nature à compromettre gravement l’intérêt
public. Et de dénoncer mes conditions de travail, pour le moins,
difficiles. En somme, j’ai commis le seul tort de vouloir être et rester pharmacien (praticien hospitalier)
; en étant un citoyen français à l’« apparence » arabo-musulmane.
Vous
pouvez constater, par vous-même, en parcourant plusieurs articles de ce blog. Des
articles de presse s’accumulent depuis 2007 (Cliquer ici). Ainsi que ceux de la presse sportive (Cliquer ici).
L’autre
presse, qui ne cesse de stigmatiser publiquement et de façon chronique l’immigré
du Sud à l’apparence arabo-musulmane, est au courant. Elle aussi (Cliquer ici). Mais, elle est
restée muette, dans mon cas. Trop gênant. Insupportable de montrer l’ascension, par le travail, d’un
immigré « bronzé ». Impensable
de révéler les causes de la cassure de
sa trajectoire. De sa chute. Dans le même temps, cette même presse alerte
sur la montée des partis politiques extrêmes. Mon cas pourrait réduire leur
théorie à néant.
Un
jeu ambigu au service d’une thèse obscure.
Le
politique, du sommet de l’Etat Français jusqu’au niveau local, est informé. Par
lettres recommandées avec avis de réception, notamment. Et depuis de longues
dates : Monsieur Nicolas SARKOZY,
Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN –
originaire de la même faculté de pharmacie que moi -, Madame Rachida DATI. Puis, Monsieur François HOLLANDE, Madame Marisol TOURAINE, Madame Christiane TAUBIRA, Monsieur Manuel VALLS. Tout comme Monsieur Gilles BOURDOULEIX, maire, député, et
président du conseil de surveillance (ancien conseil d’administration) de
l’hôpital. Etc. : les autres. (Cliquer ici)...
La
justice, elle, a préféré détourner le regard suite à mes plaintes. Elle a mis
le couvercle sur la chose. Mon troisième
avocat (sur les six qui se sont
succédé depuis 2007) m’a pris mon argent en exigeant un paiement à l’avance (environ
8000 euros). Puis, il m’a abandonné. Il serait tombé sous le charme du front de
Marine. Il siègerait maintenant au Parlement. Il ne mériterait pas ses
deux « ailes ». Rien que les frais d’avocats avoisinent les 50.000
euros depuis 2007. J’ai fini par assurer, seul, ma défense sans le ministère
d’un avocat. (Cliquer ici) et (Cliquer ici) et (Cliquer ici)...
La
bande locale a tenté de me faire partir et de me faire sanctionner par le
Ministère de la santé, puis par l’ordre national des pharmaciens, puis par la
justice. En vain.
Lorsqu'il a raison, et malgré
les preuves écrites les mieux établies, indépendantes et règlementaires en tout
premier lieu, le citoyen à l’apparence
arabo-musulmane ne peut espérer que le « match
nul » lorsque son adversaire est composé de citoyens à l’apparence française de « souche ».
Un
médecin de l’hôpital, nouveau et non titulaire, compare mon comportement à
celui des « jeunes de banlieue issus
de la diversité ». Selon ce médecin, que je ne connais pas, je serais comme
ces jeunes « culturellement violent verbalement et physiquement »… doté
d’une « susceptibilité
maladive »… Incapable de « s’intégrer »
comme les « asiatiques »… (Cliquer ici)
Octobre
2013, un autre médecin de l’hôpital, membre de la direction, m’adresse,
publiquement, via la messagerie interne de l’hôpital ceci :
« …, et pour un donneur d’Alerte [sur
les médicaments et mes conditions de travail indignes] et si tu comprends l’arabe
littéraire, je te conseille de lire « Al
Moutanabi », celui qui s’est déclaré prophète et justicier tu verras comment il a fini. »
Le jour même, un autre médecin m’appelle pour me rappeler - m’alerter - que
ledit « Al Moutanabi » a
été tué !
On dirait des menaces de morts. J’ai
déposé plainte en octobre 2013. Je suis toujours dans l’attente de la réponse du procureur de
la République. Mais, je n'attends plus rien de ce côté. Je ne suis plus un réclusionnaire de l'illusionnisme et du mirage des inscriptions gravées sur les frontons de la République. D'ailleurs, je ne prends plus part à tel ou tel vote ; les raisons de ma décision ont été publiées, en partie, par la presse locale il y a quelques mois.
Récemment,
le nouveau directeur de l’hôpital a, toutefois, accepté que je commence des
études de droit dans le cadre de la formation médicale continue obligatoire - développement professionnel continu - (ce n’est
pas une reconversion professionnelle). Et je viens d’être promu au 9ème
échelon. Par arrêté ministériel. Un nouveau et petit espoir.
Aujourd’hui,
je reste dans mon coin. On continue de me verser mon salaire de base de
praticien hospitalier. Un revenu qui a été cependant amputé de plusieurs autres
indemnités légales (par ailleurs versées aux autres praticiens hospitaliers).
« Pas
bouger, chien, chien… » ! Vous, Monsieur Luc BESSON, avez dit : « humilié ».
On
me traite comme un moins que rien. Un animal a plus de chance que moi. (Cliquer ici)
Je
me suis armé de patience. En contemplant
mon parcours que je ne peux plus mettre, in
situ, au service des patients et de l’intérêt général. Et en armant ma plume de cartouches.
Sans
préavis, à trois reprises, ma messagerie professionnelle a été coupée. Me
privant ainsi de tout lien avec mes collègues durant de longues périodes. Une
prison. Une cellule d’isolement.
Vous,
Monsieur Luc BESSON, parlez de « mur ».
Mon
premier livre, sorti en mai 2013, s’intitule
« Le
Spectre de l’Isotèle ». Je n’ai pas trouvé ce terme
« Isotèle » dans mon dictionnaire. On devrait pourtant songer à le
réintroduire. Il est d’actualité. Il se réfère à une personne qui n’est ni
entièrement étranger, ni pleinement citoyen. Ce livre n’a pas été promu par les hauts
parleurs du premier cercle (Cliquer ici). Voici un extrait de ce livre :
« Luchar es mi destino
(lutter
est mon destin)…
Un mur
de verre… ce mur est sourd et muet. Je n’ai su lui parler qu’avec mon regard…
Ce mur-écran, c’est comme un voyage sur place, dans le temps et dans l’espace,
qui devient possible par un simple regard à travers ce mur-frontière. Ce
mur-prison. Impuissant…
Je dirais même que sa souffrance me rassure. Elle me donne l’illusion que je suis à l’abri…
Au fond, ai-je vraiment envie d’intervenir pour aider mon ami ? J’ai
sans doute peur. Ou peut-être que mon inertie
ne serait que l’expression de mon profond désir de repos et de tranquillité.
Pourquoi sacrifier un moment tant attendu ? Ou peut-être que mon indifférence ne serait que la
traduction de mon aveuglement démissionnaire, que le témoin de ma réceptivité à
la manipulation, que le marqueur de mon esprit corrompu ou de mon sadisme
latent. L’amitié est souvent une
notion galvaudée. Souvent, l’amitié de façade, la fausse amitié, cède à la
véritable trahison…
Mon ami Amine a l’apparence d’un métèque. Il est de la même espèce que les lions de
l’Atlas. Ceux qui n’avaient point hésité à rejoindre De Gaulle en même temps
que les aventuriers et les boiteux…
De façon inattendue, je ne sais par
quel miracle, je vois Amine se redresser. Je suis surpris tout autant que la
bande…
Avec la pointe de sa plume, mon ami tente d’extraire
et d’évacuer les nombreuses et diverses lames tranchantes des couteux plantés
par-derrière, insidieusement, sournoisement, à plusieurs reprises, par la main
invisible. Son bouclier n’est qu’une simple pointe de plume qui, spontanément,
… L’encre devient son pansement. Il s’en sert pour colmater les brèches de ses
fissures invisibles…
Il
écrit,
donc il existe. Mon ami prend conscience de sa chance. Il a appris à lire
et à écrire dans la langue du pays.
Il a su embrasser la langue de Marianne. Il a su caresser sa trame. Ce n’est,
peut-être, pas le cas de tous ses semblables. Je vois quelques jaloux à la
technique de drague rodée mais néanmoins douteuse…
Mon ami se découvre. Il découvre son armure. Il remarque que ses mots deviennent des projectiles. Ses
phrases des flèches et des missiles. Son verbe
est la seule arme qu’il lui reste. Il n’a guère d’autres choix possible. Alors,
de son cachot, il écrit. Il résume, bien que le mur lui reproche souvent de
trop écrire. De trop le noircir… »
Adèle
m’a écrit une lettre suite à la parution de ce livre (Cliquer ici).
Sans
signe de votre part, j’émettrais l’hypothèse que cette lettre ne vous est pas
parvenue, à cause d'une éventuelle nouvelle censure.
Dans
l’attente, en vous remerciant et en restant à votre disposition,
Avec
mon profond respect,
Amine
UMLIL
Copie
à la presse et notamment :
- Le
Monde
- Agence
France Presse
- Envoyé
Spécial
- Le
Figaro
- Le
Parisien
- Le
Point
- Le
Nouvel Observateur
- Libération
- Ouest-France
- Courrier
de l’Ouest
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