Madame, Monsieur le Député,
Les patients concernés connaissent les médicaments anticoagulants appelés
anti-vitamine k (AVK).
Pour éviter un surdosage (hémorragie) ou une inefficacité (thrombose) avec
ces (AVK), on doit surveiller de
façon rigoureuse notamment la valeur d’un test biologique nommé INR
(International normalized ratio). Cette surveillance biologique est
régulièrement jugée contraignante par les patients et les professionnels de
santé. D’autant plus que, chez certains patients, la valeur de cet INR semble
difficile à équilibrer.
Récemment, de nouveaux médicaments
anticoagulants ont été commercialisés. Leur utilisation, en pratique, me
conduit à adresser cette alerte pour plusieurs raisons.
L’absence de test de surveillance, avec ces nouveaux médicaments, ne
doit pas être confondue avec « la surveillance n’est plus
nécessaire » …
L’utilisation de ces nouveaux
produits semble a priori plus simple.
Car, il n’existe pas, pour l’instant, de test de surveillance de l’hémostase
(comme l’INR).
Mais, ce fait rend difficile la détection d’un éventuel surdosage avant la survenue d’une hémorragie.
Dans la pratique, je constate que cette « absence » de test de
surveillance serait interprétée par certains, dont des professionnels de santé,
comme un avantage. Aussi, cet argument conduirait-il aux conséquences suivantes
que j’ai notées :
1.
Une baisse de la vigilance face notamment au risque hémorragique connu
avec tous les anticoagulants, nouveaux comme anciens. Ce risque peut être
fatal.
La prudence
est pourtant nécessaire d’autant plus que ces nouveaux anticoagulants ne disposent pas d’antidotes (en cas de
surdosage) contrairement aux anciens
médicaments (AVK).
Les professionnels
de santé sont pourtant invités à renforcer la surveillance d’autres paramètres (comme
le fonctionnement des reins) chez les patients concernés.
2.
La prescription systématique de ces nouveaux produits en première intention malgré les avis contraires et
recommandations rendus par notamment la Revue Prescrire (revue professionnelle
indépendante) ; par la commission de la transparence de la haute autorité de
santé (HAS) ; et par l’agence nationale de sécurité du médicament et des
produits de santé (ANSM).
3.
Augmentation de la dépense médicamenteuse liée à la prescription de ces nouveaux
produits alors même que, par exemple, la commission de la transparence de
la haute autorité de santé (HAS) considère que ces nouveaux médicaments n’apportent pas « d’amélioration du service médical rendu (ASMR niveau V) par
rapport aux anticoagulants anti-vitamine k (AVK). »
Ces conséquences sont liées notamment au mésusage (non-respect des recommandations
ad hoc par exemple). Elles pourraient nuire à la réputation même de ces nouveaux médicaments. Alors même que
parmi ces derniers, certains constitueraient, peut-être, une alternative. Et, en particulier pour les patients chez qui l’équilibre de l’INR (sous AVK) semble
difficile à obtenir.
Il serait donc souhaitable que les prescripteurs, les pharmaciens, les
représentants de la caisse primaire d’assurance maladie, les pouvoirs publics,
… etc. puissent mesurer, dès à présent, la portée d’un tel mésusage.
Proposition d’une action utile au sein de chaque territoire
Au sein de notre territoire Choletais par exemple, sous l’Egide de
Monsieur le Député, et dans l’intérêt premier de tout patient potentiel, mais
aussi dans l’intérêt des professionnels de santé et de la Collectivité, je
sollicite votre aide pour l’organisation d’un temps de formation /
information / échange sur ce thème ; en ma qualité de pharmacien
praticien hospitalier responsable du CTIAP (centre territorial d’information indépendante et d’avis pharmaceutiques)
notamment, (et de l’unité de pharmacovigilance et de la coordination des
vigilances sanitaires au centre hospitalier de Cholet).
Cette rencontre pourrait intéresser tous les Choletais : patients,
professionnels de santé (prescripteurs, pharmaciens, … etc.), représentants de
la caisse primaire d’assurance maladie, … etc.
Une telle initiative pourrait contribuer à éviter quelques éventuelles déconvenues
et mauvaises surprises. Prévisibles …
En restant attentif à toute autre action que vous jugeriez utile pour
éviter un éventuel nouveau « scandale » sanitaire,
Dans l’attente,
Bien à vous.
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