Objet : Réputation des médicaments (spécialités) génériques. Demande
d’intervention. Ouvrages destinés au public.
Madame Marisol TOURAINE
Ministre des affaires sociales et de la
santé
Madame La Ministre,
Cette année 2013
aurait consacré la condamnation,
en France, d’une firme pharmaceutique
pour dénigrement des génériques
de PLAVIX® (Clopidogrel).
Or, sauf erreur de ma part, cette mesure n’aurait pas
été suivie d’effets lorsqu’on pense à toutes les informations qui ont été
diffusées auprès du grand public
notamment.
Que pensez-vous, par exemple, de ce titre d’un ouvrage
paru cette même année 2013 :
« MEDICAMENTS GENERIQUES : LA GRANDE ARNAQUE » (Editions Du Moment) ?
Dans ses pages 59 et 60, ce livre nous
explique, par exemple, que « lors de
la substitution, le malade peut
passer d’un générique de 80% d’efficacité à un générique de 120%, pouvant entraîner une augmentation de sa
concentration sanguine de 40%. »
Or, en
réalité, il suffit de consulter
quelques documents versés à la fin de ce même livre.
En effet, dans sa page 189, le document de l’académie nationale de médecine
affirme plutôt que ces « concentrations plasmatiques [sanguines] d’un
générique bioéquivalent ne devront pas
être différentes de plus de 5 à 7% des concentrations obtenues avec le
princeps. »
A elle seule, cette contradiction entre les pages d’un même ouvrage, cette anecdote,
démontre le caractère approximatif,
inexact voire mensonger et trompeur notamment dudit titre qualifiant les
médicaments génériques de « la » grande arnaque.
Il suffit de se référer également au rapport
N°RM2012-115P de l’IGAS (Inspection
Générale des Affaires Sociales) de septembre 2012. Dans ce document
intitulé : « Evaluation de la
politique française des médicaments génériques », on peut lire notamment
: « En fait, cette variation de la concentration plasmatique… entre
génériques et princeps varie dans des proportions qui sont celles que l’on
tolère pour les différents lots d’un même
médicament princeps ou générique,
soit moins de 5%. »
Avec de telles informations contradictoires et erronées diffusées sans contrôle auprès du
public, comment voulez-vous que le doute
ne soit semé dans l’esprit de tout patient
potentiel ?
Avec le trouble
généré par de tels ouvrages, comment espérez-vous que les directives, incitant
à l’utilisation des spécialités génériques, puissent être mises en œuvre de
façon effective ?
Ce type de publication complique le travail des professionnels de santé, médecins et pharmaciens notamment, qui
sont attachés à exercer leurs professions conformément aux données acquises de la science. Qui souhaitent dispenser aux patients une information vérifiable, valide et
indépendante.
Il vous
appartient d’intervenir. Pour
prendre toutes les mesures qui s’imposent. Afin de rétablir, sans détour, la réputation
des médicaments génériques. Et par la même, la confiance du public.
A mon sens, il y a lieu notamment d’engager les
actions utiles qui permettront notamment la
correction des propos, contraires aux données acquises de la science, qui
figurent dans ce livre, et dans tel ou tel autre ouvrage.
Il y a lieu de faire rappeler tous les exemplaires de ces ouvrages, au contenu inexact, qui
ont été diffusés. Qui ont été vendus à nos concitoyens. Ou qui gisent encore
ici ou là.
Les produits de
santé, et en particulier le
médicament, ne sont pas des produits comme les autres. Ils ne
peuvent faire l’objet d’un « commerce » et/ou d’une « publicité »
incontrôlés.
Les maisons
d’éditions devraient envisager de faire
vérifier, préalablement à leur édition, les manuscrits relatifs au domaine de la santé par un comité de lecture ad hoc étranger à tout conflit ou lien d’intérêts.
Enfin, il en va de l’efficience (qualité, sécurité, coût) de la politique de santé. Et
de sa cohérence.
Comptant sur votre réaction.
Dans l’attente d’une éventuelle réponse de votre part,
En restant à votre disposition pour tout complément d’information
ou pièce utile,
Je vous prie de bien vouloir recevoir, Madame La
Ministre, l’expression de mon profond respect.
Amine UMLIL
Pharmacien praticien hospitalier
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